dimanche 2 avril 2023

As Bestas

La dernière image ? Evidemment ces deux séquences qui se répondent parfaitement, celle d'introduction om l'on enserre la tête du cheval pour l'amener au sol. Et puis toute la séquence de mise à mort du "franchouillard". Le titre résonnant naturellement pour les deux, de façon un peu "binaire" avec le recul. Qui sont les bêtes ? Qui sont les hommes ? Deux belles séquences en tout cas ! De même que je retiens toute la seconde partie (l'enquête, l'obstination de la veuve à rester là coûte que coûte) très enlevée, intéressante. On veut savoir. Il y a de beaux moments, pesants, vrais, qui interrogent sur les petites jalousies, les familles qui se referment sur elles-même, le ressentiment, la haine de l'étranger, des donneurs de leçon venus d'horizons plus "cultivés". Programme intéressant sur le papier ! Mais est-ce vraiment le sujet et l'angle qu'il y fallait ? Est-ce que par les temps qui courent, le sujet de la spéculation immobilière qui jette de chez eux les "gens du cru" au profit des touristes, des gens venus d'ailleurs , avec beaucoup plus de moyens, n'aurait pas été plus passionnant à aborder avec toute l'ambiguité que cela aurait pu apporter ?     

Car dans les faits que voit-on ici ? Un petit français et sa femme, plutôt gentils, bien intentionnés, polis, respectueux, qui font leur chemin tout seuls, avec leurs convictions tout de même (cf éoliennes), dans cette zone sinistrée, acceptant toutes les outrances, toutes les humiliations sans broncher... Etrange comportement de mon point de vue. Et surtout créneau étroit de l'intrigue qu ne joue que cette partition où l'on voit venir (de très loin) le dénouement à mi-chemin avec ce sentiment curieux que le couple français laisse beaucoup faire et s'accumuler des crasses de plus en plus grosses... Sans avoir en face la réaction qui va bien. je pense notamment au climat qui file tout de suite sur des actes inacceptables alors qu'en pareilles circonstances la force du suspense et de venir imbiber le buvard du fait divers par petites touches légères.

Par ailleurs, cet acteur déjà vu dans les revenants puis dans un film sur la violence conjugale (le nom m'échappe) me semble trop limité à quelques expressions de visage et une carrure... C'est soit le sourire bonhomme lorsqu'il échange avec sa femme ou sa fille par visio, soit le regard un peu vide, inquiétant jusqu'à la colère : il n'y a jamais d'entre deux. Je le trouve trop monolithique. Trop d'un bloc (et demi, lorqu'il sourit et se détend). On a donc du mal à comprendre ce qui lui passe par la tête. Il est trop hermétique. La dialectique "mec de la ville face aux gens du cru" passe également de ce fait assez mal. En tout cas, je n'y ai pas cru.

Dans la deuxième partie, beaucoup plus intéressante, c'est désormais un portrait de femme courage et entêtée, à une nuance près : je n'ai pas beaucoup goûté le personnage de la fille (problème du choix de l'acrtrice peut-êyte et pauvreté de ses dialogues) venue convaincre sa mère de ne pas rester par ici...

Reste que le final est aussi réussi que touchant. Dernière chose : le film dans son ensemble s'appuie je trouve exagérément et fait trop confiance à son scénario (toutes les balises "caméscopiques" allumées pour faire revivre retrospectivement le drame par les yeux de la fille lors de son passage) délaissant la force suprême de la mise en scène dont on retiendra les deux séquences citées en début de ce texte mais sur un sujet pareil et sur la tension censée monter crescendo, c'est trop peu pour moi.

     



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