dimanche 19 décembre 2021

The Lighthouse

 

La dernière image ? Evidemment ce tableau sépuscral de fin, ce corps encore vivant, engourdi et s'offrant à une nuée de mouettes assoiffées de sang humain. Mais travailler dans ces phares du bout du monde n'est -il pas en soi un immense sacrifice ?    

Hommage doit être absolument rendu au travail sur l'image, ce 35mm d'une densité folle, ce noir-et blanc aux matières granuleuses, aux nuances de clair-obscur étirant, étalant son gris nuit à l'infini. De nombreux passages du film confinent à des tableaux d'une puissance sépulcrale rare. Je pense au plan final.  Mémorable. On pense à du Jerzy Skolimowski dans ce qu'il peut accoucher de meilleur à l'image. 

je salue également les 2 acteurs que j'adore et qui ne déçoivent pas que ce soit dans l'épaisseur de leurs silhouettes, leurs expressions, leurs silences ou lorsqu'ils servent dignement de beaux textes littéraires, aux accents lyriques... On pense alors à un huis-clos au sommet sur une scène de théâtre, le sujet s'y prêterait volontiers, et ce duo pourrait y faire des merveilles à coup sûr.

En revanche, la trame et le sujet (comme les intentions ?) sont trop ténus, trop attendus. Chacun cache soigneusement sa folie, son passé, ses envies de meurtre... Chacun peut être une version plus jeune, plus vieille de l'autre, chacun peut vivre seul sur ce morceau de purgatoire et donner vie à l'autre pour se donner l'illusion d'être accompagné... L'enfer y serait l'autre ? La "lumière" révélée serait ce mirage qui de tout temps donne des ailes (celles noires du vautour) à l'opprimé y voyant à tort un salut qui n'est jamais que fantasmé.  La fameuse histoire du patient immobilisé qui envie la position de son voisin de chambre lui racontant tout ce qu'il voit de passionnant par la fenêtre... Ce dernier meurt et lorsque le premier occupe enfin le même lit, il découvre avec horreur que par la fenêtre on ne voyait qu'un mur en face...

Tout est appuyé. L'ensemble est trop léché, pas sympathique pour un sou, et ne nous permet donc pas de nous glisser dans le film aux côtés de ces deux personnages en perdition,  de rentrer dans ce monde éthéré qui reste aux portes de la réalité et se présente davantage comme un long cauchemar émaillé de visions de l'enfer prises dans l'oeil du marin en train de sombrer dans des eaux glacées.

Pour résumer, j'ai trouvé ça bien beau certes mais beaucoup trop froid et surtout pas assez aventureux, audacieux sur le plan narratif. La fin, on l'attend depuis longtemps, on la voit venir et elle arrive comme tout le film nous préparait à la voir débouler. Dommage.                    

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