lundi 28 septembre 2015

The Affair Saison 1 & 2


Coup d'essai, coup de maître autour de la notion du point de vue et de son corolaire... la subjectivité !!! Là je parle surtout de la Saison 1. Sujet d'autant plus passionnant qu'on nous fait pénétrer l'intimité d'un couple d'amants pas si maudits (au moins au début)… Ne dit-on pas que les affaires de coeur sont la dernières chose dans laquelle fourrer son nez ? Quoi de plus obscur, irrationnel, irréductible à toute tentative de rationalisation ?

L'intelligence et l'originalité de The Affair Saison 1 vient d'abord de son traitement : une construction alternée offrant au compte gouttes deux témoignages (ou deux réalités fantasmées) centrés sur les mêmes moments et où par d'invisibles glissements, le vertige opère, avance, nous saisit, nous trahit, nous file entre les doigts comme le temps qui ne reviendra pas. Le père de famille victime de ses pulsions serait-il en fin de compte un sociopathe en puissance ? La jeune maîtresse endeuillée par la mort de son fils serait-elle aussi fragile et manipulable qu'elle en a l'air ? Question de point de vue. Est-on dans la tête de l'un ou sous la plume de l'autre ? Mystère...

Autant de questions stimulantes légitimées par le deuxième point fort de The Affair Saison 1 : les raisons de cette construction alternée. On comprend vite qu'au rayon "narration" il est quand même question de témoignages ou d'aveux circonstanciés si vous préférez… Qu'il y a donc autre chose à la clé, autre chose qu'une simple relation passionnelle en tout cas… Un peu comme chez Agatha Christie lorsqu'on doit rendre des comptes... "J'étais aux toilettes, d'ailleurs je mets au défi quiconque oserait jurer sur la bible qu'il n'a pas été réveillé par le bruit de la chasse à 5h33…"  Et cela transcende la lecture et la compréhension des enjeux de cette belle série parce que soudain la matière à l'écran on le sent pourra être mâchée, restituée, retournée in fine contre son ou ses acteurs principaux.

J'ajoute que venant de découvrir le début de la Saison 2, mon intérêt pour ces personnages objectivement passionnants ne fait que grandir. Et j'ai peut-être une explication s'agissant des différences qui sautent aux yeux lorsqu'une même scène nous est rapportée par une paire d'yeux différente. Peut-être a-t-on devant soi la réalité (fut-elle sublimée) d'un côté et de l'autre la matière du roman à succès de Noah en train de se mettre en place ? Puisqu'on découvre au cours de cette deuxième saison qu'il a effectivement fini par rencontrer le succès littéraire espéré dans ce qui peut être on l'imagine une subtile auto-fiction... Et l'épisode 9 de la Saison 2 est d'ailleurs tout simplement extraordinaire, au cours d'une tempête, Deux Ex Machina, tout droit sorte d'un best-seller.

Bref, pour moi The Affair est la série du moment, novatrice, vertigineuse, immersive et portée on ne le dit pas assez par des acteurs fantastiques. J'ai simplement quelques réserves sur le final de la Saison 2 qui m'a laissé un peu sur ma faim, en raison notamment de quelques facilités scénaristiques. Mais cela n'enlève rien à la force de l'ensemble.

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