lundi 23 octobre 2023

Elser, un homme ordinaire


La dernière image ? La première séquence évidemment. Cette souffrance physique, la respiration hachée, les genoux et les jointures des mains en sang. L'extraction d'un long processus qui peut être celui de l'artiste, sculpteur du chaos, à l'oeuvre. Cette séquence est à l'image de ce qu'aurait dû être tout le film, une sorte d'Invitation au supplice Nabokovien. Le Nazisme convoquant les codes des univers noirs et totalitaires de Kafka dans lequel luttterait un personnage éclairé, visionnaire.

C'est pourquoi la construction du film rappelle davantage celui d'un téléfilm sans aspérités, porté par un acteur un peu informe au visage trop gentillet. Ordinaire oui mais cet homme l'était-il ? Absolument pas. Il était libre et indivisible par la pensée qui unifie, corsète.

Le fait de démarrer après l'attentat raté met d'ores et déjà dans une narration trop linéaire et peu palpitante. Dommage.

Les allers retours temporels hasardeux ne rendent d'ailleurs pas justice à ce qu'aurait dû ce long métrage : une plongée âpre, silencieuse dans le jus de la liberté, dans l'obsession inaliénable d'un utopiste, le croisement de l'idée et du réalisé. Les grandes théories à l'épreuve du réel. La vitalité de chaque instant tendue vers un objectif. Ce trou qu'il faut inlassablement creuser.

Je crois sincèrement pour avoir travaillé sur un projet autour d'Elser que la quintescence, le coeur du film ne bat vraiment que durant cette année de préparation dans ce lieu vidé de ses habitants à la nuit tombée. C'est là que vit le film. Que son intérêt supérieur réside.

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