Etouffer à ciel ouvert
Le long d'une voie ferrée.
Rendre irrespirable le grand air.
Aucun coup de hache,
Aucun délicieux poison,
Rien n'y fera.
L'Amérique profonde
Se succède à elle-même
Comme les fantômes qui la hantent.
Insondable humanité dans un décor immuable.
Le temps venu des éternels recommencements.
Aux chairs lacérées sur un visage
Répondent les coups secs au canif
Dans le poitrail du daim
Lesté comme un sac de boxe.
Le règne animal.
Au son effrayant du crâne brisé
Répond la morsure fatale
D'un chien gros comme un bison.
Au diable la morale.
Chacun la sienne par ici.
On fait ce qu'on peut
Avec ce qu'on a.
Le temps semble s'être arrêté.
Le paternel frappe, humilie,
Avant d'amuser le fiston
D'un pas rouillé de break dance
Tentative dérisoire de transmettre
Enfin quelque chose, de redevenir
Quelques instants gracieux
La figure rassurante
Du bon père de famille.
"Donne moi ton fric, je te dissoudrai,
Donne moi ton sang, je t’absoudrai."
Chaque personnage commet l’irréparable
Franchit allègrement toute frontière morale
Au péril de sa vie, de celles des autres
Avant d’avoir un geste d’empathie
(Une main sur un crâne en morceaux)
Un mot tendre (tu es mon frère ?)
Ou le bon goût de se supprimer…
Nicolas Cage redevient Sailor
Ses tatouages, sa silhouette affinée,
Son aigle fièrement porté dans le dos
Sont là pour en témoigner
Après une trop longue vie carcérale,
Orphelin de son passé,
En quête d'oubli mais pas de rédemption.
J'ai d'ailleurs espéré en vain
Sur ce pont éclairé par la lune
Qu'il susurre enfin au flic quelque chose
Au sujet de Lula et chacun,
Emu aux larmes, aurait compris...
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