dimanche 26 février 2023

La nuit du 12

La dernière image ? Ces deux gars paumés au portail (comme deux enfants) quand il s'agit de savoir qui va annoncer à la maman de la victime que sa fille est décédée la nuit d'avant... D'un réalisme et d'un force peu commune.  

Sinon voilà un film intéressant qui lorgne intelligemment du côté de Zodiac et de ses déductions géniales vite réduites à néant par les circonvolutions d'une enquête qui ne cesse (comme les personnages) de faire sa mue, de changer de paradygme, d'effacer une vérité incontestable par une autre tout aussi séduisante...

La force réside dans une volonté d'être anti-spectaculaire louable, une application tranquille, rassurante pour désosser les mécanismes d'une enquête, de sa résolution, en lui gardant les tics bienvenus je trouve du fim d'auteur à la française. De la réflexion, de l élégance, un goût pour les silences, pour laisser le temps au personnage et au spectateur de faire connaissance. Tout ce dispositif tout en humilité, simplicité, patiemment déployé est vraiment appréciable. 

Ce que je reproche davantage au film, c'est cette petite musique d'une époque probablement qui veut (comme le répète un des personnages) qu'un genre soit en cause, que l'"Homme" quel que soit son visage (celui du meurtrier est d'ailleurs mangé par l'obscurité) soit un prédateur en puissance, que le problème de nos sociétés serait incontestablement le "masculin", qu'il prenne les traits du petit copain ou de l'aventure de passage... Ce message subliminal relègue soudain la magie, le mystère du film au rang de "film à message" un peu lourdingue je trouve. Ca en limite sacrément la portée. Après tout, ce qui retient l'attention quand les lumières se sont éteintes c'est justement comme pour Zodiac qu'on peut finir par se perdre dans les méandres de ses interprétations, qu'on peut même y laisser la raison... C'est l'effet qu'ont ces enquêtes insolubles sur le héros qui fascine je trouve, pas la nature des interrogations, et conclusions qu'on pourra en tirer sur les (vains) maux de l'époque ou sur le "Masculin" qui poserait question... Dans Gone Girl, David Fincher par exemple toujours à contre-courant pose un regard passionnant sur le mariage via le prisme d'un personnage féminin déviant et a la manœuvre pour en tordre le mythe et les principes fondateurs... Génie et ambiguité quand vous nous tenez !    

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