jeudi 26 mars 2020

Le Daim



Quel talent ce Quentin Dupieux. Il arrive souvent à m'embarquer dans ses univers en apparence triviaux, loufoques ou sans profondeur. En apparence seulement. Il est ici question de folie ordinaire, d'obsolescence des êtres comme des objets (caméscope, téléviseur, blouson en daim, homme à la dérive...). L'un se faisant l'écho, le cri de l'autre. "Les hommes et les choses" mis au ban de l'époque, du temps qui passe et qui remplace tout. Parlons d'ailleurs des hommes : Jean Dujardin que j'aime rarement au cinéma (registre humoristique OSS 117 mis à part) est à l"image de sa partenaire, épatant d'inquiétante bonhommie... Il parvient à rester en permanence sur ce fil ténu qui fait qu'on lui garde une sympathie, qu'on le trouve barré mais attachant dans le fond, qu'on lui pardonnerait presque son penchant pour le crime sanglant auquel inéluctablement il se destine...

La progression "ubuesque" de la narration vers un carnage total ne passe curieusement pas si mal. Gageure donc de faire passer la pilule (pourtant énorme) sans perdre le spectateur. Pour tout cela, le film vaut le détour, mérite d'exister et existe vraiment. Comme ses personnages déglingués.

En revanche, la chute est je trouve à la fois téléphonée et bâclée ou expédiée... Trop à la hâte, Je suis resté sur ma faim. C'est rageant parce que j'en voulais plus, de cette romance cabossée, de cette balade carnassière pour deux âmes paumées... dans ces contrées reculées ou notre cher Daim qui fut à la mode durant l'hiver 1986 se rebiffe et son propriétaire avec le temps d'un film et de remiser aux oubliettes tous les autres blousons portés ou ayant été portés un jour. Personnellement, je serais Quentin Dupieux, je développerais une série TV autour de cet univers et de ces 2 acteurs qui m'ont mis l'eau à la bouche.  

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