jeudi 31 décembre 2020

Fenêtre sur Cour

L’éblouissement
Du petit matin
Suspendit le temps 
M’aspira sans fin
Sous les arrondis
du téléviseur,
Témoin perverti
De toute langueur 

Comme un chef d’orchestre
Délaissant sa vie
Pauvrement terrestre 
Pour celle d’autrui
J’entre par la vue,
Spectateur assis,
Et reste à l’affût
Guettant l’inédit.

Le building m’effeuille
De sa vue plongeante 
Brèche en trompe-l’oeil
Qui soudain me hante.
Sans un mouvement
Pas sans volonté
Je vis le moment
Démiurge incarné.

Mon esprit s‘agite
Ajuste la mire
Cherche l’insolite :
Enfin le désir
Vole à tire d’aile
Jusqu’au vaisseau-mère,
Mon ventre éternel,
Y raréfie l’air.

En prophétisant
Les sombres ravages
Du petit écran,
Son culte pas sage,
Rear Window fait sens
Et touche en plein coeur 
Par la fulgurance
De mille lueurs. 

Hitch traque l’immonde,
L’indicible horreur
Le crime à la ronde !
Tout grand créateur
Joue avec nos nerfs
Use de ses tours
Noyés de mystère
Pour ravir l’amour.



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