vendredi 24 février 2012

Le génie de John Carpenter. Halloween. The Thing.

John Carpenter est immense pour 2 raisons.

La première ? Halloween (1978). Un film - je viens de le revoir - qui reste d'une modernité folle et d'une efficacité remarquable.


La modernité vient de l'habile utilisation qui est faite de la vision subjective. Une technique qui permet de voir le monde à travers les yeux d'un meurtrier qui en se dématérialisant au cours du film fiinit par s'évaporer, contaminer l'air, devenir omniprésent, jusqu'à se fondre dans le décor. Sur le rythme lancinant d'une musique minimaliste, venin qui s'écoule goutte à goutte imprégnant chaque petite parcelle d'une ville au demeurant charmante lors des premiers plans du film, Michael Myers passe imperceptiblement de la charmante tête blonde du premier plan à une identité flottante, abstraite derrière un masque effrayant. Une gageure de se voir révéler que le slasher qui tenait lieu de programme était avant tout un film fantastique, le plus grand des cauchemars psychanalytiques.

L'efficacité s'éprouve en le revoyant parce que 33 ans plus tard, j'ai sursauté comme au premier jour, puis, dans la soirée qui a suivi, regardé sous mon lit et par la fenêtre craignant de voir la silhouette effrayante de Michael Myers se dessiner à l'orée du petit bois derrière la maison.

Mais la deuxième raison, c'est aussi le point d'orgue de l'oeuvre de John Carpenter, tient 4 ans plus tard, dans la toute fin d'un remake, The Thing (1982) tellement supérieur à l'original. Carpenter le réinvente en y insufflant une universalité fracassante autour des thèmes étouffants de la paranoïa et de la survie en milieu hostile. "L'homme est un loup pour l'homme" en eut été la parfaite accroche pour résumer l'atmosphère pessimiste et schizophrène.


Quand à cette fameuse scène finale, l'une des plus fabuleuses de l'histoire du cinéma, elle contient tout ce qu'on rêverait d'y trouver : une bonne dose de non-dit sur les motivations des 2 rescapés, d'incertitude quant à leur devenir, l'irruption du danger (à travers le personnage revenu de l'enfer des glaces) mais sur la pointe des pieds, ce qui le rend d'autant plus inquiétant. Il y a enfin la fatalité, l'aveu d'impuissance des 2 survivants face à leur sort illustré par ces flammes qui partout autour d'eux s'épuisent dans une ultime danse, lascive, avant de s'éteindre en beauté. La dernière gorgée de whisky au coin du feu n'est pas qu'un clin d'oeil aux grands westerns qu'affectionne le réalisateur, elle cristallise ce reste d'humanité qui unit les 2 personnages dans le couloir rougeoyant de la mort, sporadiquement éclairé par un échange de regards, celui de 2 chiens féroces, écumant de rage, toujours prêts à bondir, jusqu'à leur dernier souffle.


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