dimanche 26 octobre 2025

The Apprentice


La dernière image ? j'aime beaucoup ces retrouvailles entre Trump et Cohn en bas de la Trump Tower. Ca m'a rappelé de grands moments de Fisher King (la sublime relation Bridges / Williams) dans ce New-York de la fin des années 80 et du tout début des années 90.

Tout est dans ce moment terrible où la toute puissance d'un homme n'est plus qu'un pâle souvenir qui s'étiole dans ce matin bruyant... Et puis l'on comprend aussi que l'héritier de ses fameuses 3 règles de vie les a faites siennes jusqu'à mépriser Cohn qui pourtant le déclame alors à qui veut bien l'entendre : "je t'ai fait" ! Sans grand effet...

Frankenstein (idée qui se prolonge avec l'opération de liposuccion et de greffe de cheveux)  et le mythe Faustien (avec ce fameux lieu anxiogène où Trump vient explicitement vendre son âme au Diable)  sont évidemment convoqués (même de façon un peu trop lourde à mon goût) tout au long du film... 

Je tiens surtout à saluer la performance d'acteur qui est renversante. On perçoit sous le masque de l'acteur, la vérité (pas belle à voir, résolument sombre) de ce Trump Homme-Enfant qui au fond n'a jamais été qu'un marmot insupportable et désireux de continuer en grandissant à jouer avec ses jouets grandeur nature (la fameuse maquette Taj Mahal sur son bureau)... L'Art du deal dont il se réclame de façon infantile ne serait dès lors que cette obsession renouvelée "plus grand" de troquer ses billes pour en posséder toujours plus... Le genre de collection dont on ne voit jamais le bout.      

Voilà pour finir une morale du film dont Cohn aurait dû faire sa 4ème règle de vie : Méfiez-vous des apparences... et surtout d'un homme qui peut au premier abord vous sembler gentil, riche, bien sous tous rapports, éduqué, cultivé, ne buvant pas, ne fumant pas, ne prenant aucune drogue... tTrump au fond c'est le grand méchant loup déguisé en Mère-Grand.

samedi 25 octobre 2025

La nuit se traîne


La dernière image ? La chanson de Petula Clark qui sert idéalement de titre au film, la texture "film noir" des images, l'atmosphère nocturne dans l'habitacle de la voiture du jeune serrurier. C'est quand même un peu juste...

Il faut dire que le film est absolument prisonnier de références envahissantes, la plus évidente étant Collateral. Le film s'y rattache beaucoup mais finalement beaucoup trop (la rôle de la voiture, les cheveux peroxydés, la boîte de nuit, la décision d'aller sauver la jeune femme à la toute fin et j'en passe).

Par ailleurs ce qui ressort le plus dès que l'intrique se déploie c'est qu'elle est "cousue de fil blanc"... Franchement tous les petits éléments de la narration censés la faire avancer (le téléphone récupéré par le héros, le frère de la jeune femme qui appelle pile poil quand elle est au Boucan et reconnaît ainsi l'endroit...) sont vraiment lourdingues.

L'idée sur le papier était louable mais le résultat est bien trop bancal et surtout maladroit.

Rosemary's Baby


La dernière image ? Incontestablement le visage illuminé de Mia Farrow qui se découvre l'instinct maternel quand bien même l'objet de son amour, hors champ, serait le Diable en personne... Final d'une ambiguïté absolue.

Le talent du film c'est d'arriver à ce point de bascule, travail d'orfèvre, performance d'équilibriste, qui parvient à créer ce moment, cette scène finale où l'amour maternel semble plus fort que tout ce qui aura précédé, la manipulation, l'humiliation, l'enfermement, la possession, l'empoisonnement, le viol...

C'en est peut-être aussi la limite. Car même si grâce à un sens de la mise en scène fantastique, la construction (diabolique) et la montée (lente, insidieuse) du malaise sont implacables, frisant la perfection, il arrive qu'on se dise tout de même à 2 ou 3 moments : "Mais quelle indécrottable cruche" ! Je pense notamment à ces moments où elle se confie (sans se méfier une seule seconde de la duplicité de son Jules, même si Cassavetes est proprement extraordinaire dans son rôle qui tour à tour inquiète et rassure) sans filtre ou lorsqu'elle décide d'aller re-consulter le Docteur Hill puis se ravise malgré les douleurs, les doutes, la mort d'un proche... C'est le seul reproche qu'on puisse légitimement formuler. Cet embrigadement s'accomplit de façon linéaire et au final sans grande résistance ou difficulté.

Vous me direz, elle a été choisie pour ça Rose-Marie. Pour cette capacité inouïe à faire l'autruche... 

lundi 6 octobre 2025

Kill

 

L'exercice de style façon ONG BAK a fait long feu et désormais le cinéma Indien vient se mêler à la bagarre pour accoucher d'un reboot sur-vitaminé où la scène de l'extincteur d'Irréversible semble y devenir un détail de l'histoire, où l'objectif est clairement de détrôner les prédécesseurs (tout aurait-il commencé avec Anthropophagous l'homme qui se mange lui-même ?) en allant toujours plus loin dans le dégueu pour découper les chairs sanguinolentes par tous les moyens possibles (à coups de dents limées why not ?) dans un train lancé à vive allure...

Côté mise en scène, du talent le film ne manque pas surtout dans de si petits espaces et l'exercice de style est acceptable. Mais dès qu'on se penche un peu sur la gestion de la géographie de l'espace confiné de ce train, on se dit comme souvent que n'est pas Mc Tiernan qui veut... On est perdu entre les visages, les lieux dans lequels sont censés au choix se cacher ou évoluer les personnages.

Enfin c'est surtout côté intrigue, narration et psychologie que le bât blesse sacrément... le ridicule affleure souvent et ça gâche beaucoup de ce spectacle qui était pourtant censé rendre crédible la folie meurtrière s'emparant du héros après que sa fiancée se soit faite zigouiller puis éjecter du train en marche... Ca fait surtout flop au final.   

jeudi 2 octobre 2025

Le Royaume


La dernière image ? Probablement cette séquence où le personnage en cavale coiffé d'une perruque marche sur un trottoir face caméra et se trouve rejoint dans son dos par deux hommes dont on pense d'abord qu'ils sont là pour le supprimer... Séquence très bien réalisée, maîtrisée comme l'est par exemple la (longue) séquence de la piscine à l'issue de laquelle le fugitif perçoit des regards soupçonneux se portant sur sa personne, les effets indélébiles de la paranoïa à l'oeuvre.      

Bien sûr, cette tentative de voir la vie d'un homme se cachant, errant de planque en planque depuis les yeux, le regard de sa fille unique adorée a quelque chose d'intéressant, de touchant même. Il y va de la subjectivité du point de vue qui adoucit parfois, ramène de l'émotion, aborde le rapport universel père-fille, nous parle de la fatalité, de ce qu'on transmet malgré soi à ses enfants... Tout ça est fort louable.

Mais l'un des problèmes majeurs est que cette histoire n'a rien d'universel. La volonté d'humaniser un "lâche" (c'est à dire un homme qui a fait tous les mauvais choix dans sa vie et qui semble ne pas vouloir les  assumer avec cette fuite en avant) après l'avoir décrit comme un père de famille comme les autres (présent et absent) avec les mêmes besoins (physiologiques), les mêmes petits problèmes du quotidien finit par donner au film l'impression qu'avait donné François Hollande en se décrivant comme un "président normal". On a du mal à souscrire. Il y a quelque chose qui se refuse à l'intelligence. Ce qu'on se dit surtout c'est que  l'ordre des choses c'est qu'il périsse par le feu, que le malheur s'invite à sa table. Il n'y a pas de rédemption possible par ici... Noir c'est noir. Et le film est en cela terriblement monocorde et prévisible.  

Et une fois ce postulat imposé d'homme après tout normal qui aime sa fille, le film déroule sa petite partition de façon implacable (de planque en planque, de fait divers en fait divers relaté par un poste de télévision, d'ami mort en ami mort assassiné), sans surprises, où le père plutôt que de tenir sa fille éloignée par précaution (dans un autre pays, finançant ses études coûteuses en appliquant les règles qui l'ont mis là où il est, dans un "poste" de décision) va la précipiter naturellement vers l'horreur la plus totale en la gardant près de lui. Dans un climat de retour éternel des mêmes choses. Il y a tout au long du film un truc lent, sourd et répétitif qui finit par lâcher le spectateur... Enfin qui m'a lâché moi. L'impression finalement que les personnages ne sont que des silhouettes avec (si) peu de marge de manoeuvre. Corseté ! (sans jeu de mot). Irrespirable. Et pour finir assez oubliable me concernant. J'ai attendu tout le film la remontée vers la surface, la prise d'air, mais hélas jusqu'au dernier plan, c'est encore la même musique. So what ? Le cinéma je crois a vocation à faire penser autrement, à donner des perspectives qui élèvent l'âme en donnant à réfléchir. Ou alors il fallait un documentaire choc sur le sujet.

mercredi 1 octobre 2025

Vingt Dieux

 
La dernière image ? J'aime vraiment ce film d'un bout à l'autre, je suis tout de même sensible à ce dernier champ / contrechamp. Ce visage marqué mais solaire de Totone, personnage qu'on n'oubliera pas facilement. Un bonheur de film qui redonne foi dans le cinéma. Et dans l'humanité. 

Je n'avais pas ri et pleuré comme devant Vingt Dieux depuis un bout de temps. Et il y a ds raisons à cela : je sens au-delà de l'écriture qu'on sent mature, profonde, aimant la complexité, n'ayant pas peur des contradictions, des ambiguïtés, un talent pour la mise en scène et la direction d'acteurs qui plus est lorsqu'il s'agit de natures et de comédiens non professionnels... Il en faut du talent pour accoucher d'une telle vérité à l'écran. 

Un film sur la jeunesse, sur le terroir, sur des gens simples. J'ai beaucoup pensé aux frères Dardenne. Certains ont cité Loach. Vrai aussi. Il y a ici ce que le cinéma social anglais a donné de plus puissant (My name is Joe par exemple).

Du réel, des émotions vraies, du clair-obscur dans la psychologie des personnages jamais lisses, du deuil et tout de suite des sourires enfantins pour désamorcer la douleur, la souffrance : voilà comment un grand film vient jusqu'à soi.

Curieux d'ailleurs qu'il n'ait pas été en sélection officielle à Cannes. Il y a tellement de films surcotés à Cannes chaque année que celui-ci aurait probablement mérité un meilleur sort.

Une cinéaste à suivre assurément.

Sinners


Le dernière image ? Peut-être la séquence de danse qui en un long travelling fait se rencontrer les époques, les musiques et les territoires entre Blues, Rap, DJ et danses tribales d'Afrique de l'Ouest... 

Le début est intrigant, on navigue entre western, film historique sur les années précédent l'abolition de l'esclavage... Et puis soudain on est de façon trop grossière dans l'horrifico-fantastisque chez Roberto Rodriguez et Quentin Tarantino. From Dusk till Dawn est convoqué de façon si lourdingue qu'on décroche immanquablement. D'ailleurs les invraisemblances du scénario sont également légions. Et l'humour bien trop absent. 

Restent les jolies tentatives de raconter la musique entre Blues et Cajun, entre Afrique de l'Ouest et Rap US au cours de quelques séquences tres "comédie musicale" plutôt réussies.

Mais c'est beaucoup trop peu...