mercredi 11 juin 2025

The Substance

La dernière image ? La seule qui vaille le détour, qui peut éventuellement faire mouche et arracher un sourire, c'est lorsque la "créature" essaye une boucle d'oreille et s'évalue dans la glace. Oui j'en conviens, c'est fort peu... 

Parce que pour le reste les amis, des nanars j'en ai soupé dans les années 80, mais leur force (involontaire souvent) c'était qu'on avait à faire à des films fauchés, sans véritable ambition artistique, avec parfois même un sens de l'humour maladroit assumé... Mais ils pouvaient susciter une forme de sympathie. 

The Substance ne suscite qu'au mieux de l'effarement au pire du dégoût. Cradingue, sans esprit, sans colonne vertébrale (la même absence que dans le dos des héroïnes). Ce qu'il y a d'incompréhensible avec The Substance, c'est d'ailleurs qu'il ait eu un prix à Cannes. Et du scénario en plus...  C'est ensuite qu'on ait pu laisser aller à un tel naufrage (Y a t-il un producteur à bord ? Un scénariste ?) avec autant de moyens, autant de suffisance (des références à Shining wtf ????), si peu d'humour (à part j'en parlais plus haut la scène de la boucle d'oreille).

Et pour commencer il y a ce postulat de départ auquel on ne croit jamais une demi seconde... Cette ancienne gloire d'Hollywood qui vit seule, ne connaît personne, n'a pas d'agent, pas de parents, elle n'est qu'une affiche sur un panneau 4 par 3... Et tout est à l'avenant : les quelques personnages autour sont tout aussi expédiés... Rien ne tient debout, sauf elle après s'être "break a leg" (humour lourdingue en lien avec un petit mot accompagnant des fleurs)... C'est un des trucs les plus mauvais qu'il m'ait été donné de voir. Pas un dialogue pour venir sauver notre cerveau de ce bain d'ennui... Interminable film qui plus est... On regarde sa montre en permanence... Evidemment rien n'existe, rien n'est crédible et la thèse s'apparente à celle d'un enfant de CE2... Je peux rajeunir youpi mais c'est évidemment pour faire exactement la même chose dans la vie que la vioque étalée dans la Salle de Bains : montrer mes fesses à la téloche. Quel programme ! Ce qu'il manque cruellement à Coralie Fargeat c'est précisément de la substance même un tout petit peu. C''était déjà le gros problème de Revenge en passant. CATASTROPHIQUE ! Un signe des temps...      

mardi 10 juin 2025

Spinners

 

Sacré projet. Bien pensé. Qui peut rappeler la force crue d'une trilogie Pusher comme plongée dans les arcanes de la pègre de Copenhagen. Qu'on aurait croisée avec l'univers de Drive du même Nicolas Winding Refn.

Le premier épisode permet d'aborder toutes les problématiques de cette série : la fatalité d'une d'extraction sociale, le désir de s'en sortir, de se racheter par les voies les plus nobles (sport, compétition...). Et puis ce qui fait le sel de cette série c'est le soin apporté à la mise en scène, à l'arène et au contexte linguistique  faisant la part belle à ces langues qu'elles soient vernaculaires, celle de l'occupant historique, l'afrikaner, ou qu'elle soit l'anglais tout simplement... Belle découverte mais je n'en suis qu'à "épisode 2 !  

dimanche 8 juin 2025

Severance

La dernière image ? j'aime bien ces moments funky qui viennent briser la monotonie de la vie de bureau ; la surboum éclairée par une boule à facettes, la collation etc. Ces moments sont efficaces, très télégéniques. Et ils restent en mémoire. Pas de doute là-dessus.

Franchement, le pitch est arrivé à mes oreilles et je me suis dit "yes ! en voilà un programme alléchant". Et puis je me suis coltiné la saison 1. Et force est de constater que ça ne fonctionne pas 2 secondes. Pour commencer, cette histoire de dissociation promue par une "opération chirurgicale" par définition ultra sensible (le cerveau) laisse imaginer que le consentement ne devrait même pas être une hypothèse dans ce monde dystopique aux allures de dictature déguisée aux mains des multinationales comme LUMON... Quelle idée tout de même de se dire qu'on va accepter de se dissocier en sachant que lorsque tu rentres chez toi le soir avec un gros mal au derrière tu ne peux qu'imaginer ce qui t'arrivé sans vrai recours ? Un truc pour masochiste... Par ailleurs le monde tel que décrit dans les murs de LUMON est bien trop froid, aseptisé, les 4 ou 5 personnage clés trop robotiques / robotisés, leur quête commune arrive de façon peu naturelle, et le postulat de départ de commencer dans LUMON tue dans l'oeuf le projet puisqu'on commence avec des personnages immobiles, sans ressorts, sans sentiments etc... L'identification est rendue impossible. Il aurait fallu commencer par un évènement troublant dans la vie "normale" d'un des personnages (par exemple l'intrusion du collègue échappé de la société et qu'on ne reconnait pas)... C'est ainsi que l'intérêt du spectateur aurait été stimulé.

Je ne développe pas plus en disant qu'une bonne idée de départ sur le papier (cette fameuse dissociation vie pro / vie privée) ne suffit pas. Il aurait fallu passer un peu plus de temps sur la construction d'un univers et de personnages auxquels on ne croit jamais... De caricatures en caricatures, de scènes bavardes en scène bavardes (souvent le signe que l'univers n'arrive pas à exister par lui-même), on aboutit après une saison lente et interminable, sans rythme, à une scène clé où la toute puissante entreprise LUMON sait rentrer comme dans du beurre dans le cerveau de ses salariés mais n'a en revanche rien prévu en cas d'intrusion d'un salarié dans la fameuse des "salle des machines"... Ah si ! Faire intervenir un pauvre chef de service esseulé avec un cutter pour sectionner une petite sangle qui en condamne l'accès... Délirant foutage de gueule !        

samedi 7 juin 2025

Culte

La dernière image ? J'aime beaucoup les moments où percent l'émotion et la sincérité. Je dois dire que le personnage qui permet cela est incontestablement celui de Loana. Super actrice qui porte à elle tout seule le projet. Chaque fois qu'elle est sur l'écran, elle nous transperce. Bravo à l'équipe de casting qui de la fiction à la réalité a réussi à incarner à l'écran cette candeur, cette innocence bafouée, ce personnage de Cendrillon au nounours qui nous maintient connecté à la série.

Pour le reste, on sent bien une tentative de recréer un petit monde et la façon dont cet ovni est arrivé dans nos vies et d'abord dans celles de petits producteurs véreux, avides d'argent. Mais vraiment, était-il nécessaire de vouloir faire revivre les coulisses d'une entreprise d'un tel cynisme ? On sent dès lors chez les scénaristes une volonté de fictionner malgré tout, de créer des personnages ambigus, attachants, qui vont tout de même intéresser le spectateur que je suis. Ainsi, le personnage de Karim est censé apporter par la fiction de l'humanité, mais sa trajectoire et l'aboutissement d'une forme d'aveuglement culmine dans un ridicule achevé avec cette intervention de la Sécurité lorsqu'il déclare à Loana, comme absent à lui-même "C'est moi"... Pauvre pirouette, philo de comptoir du plus mauvais effet. De même qu'on finit par se dire que ce qu'on a vu là, le temps d'une série, on le savait déjà... Le milieu de la télé n'est pas passionnant, il est nourri par des acteurs (je devrais dire de tristes égos) sans grande envergure, apportant des idées dans le pire des cas nauséabondes, absolument quelconques dans le meilleur des cas , je cite : "Ecoutez, j'ai une idée géniale, on va recréer Hélène et les garçons mais avec des gens de la vraie vie".... Waow, vous avez dit génie ?

lundi 21 avril 2025

Ucho


 La dernière image ? Probablement cette scène de repas alcoolisé où s'invitent des pique-assiettes aux intentions jamais limpides...  Un moment éthylique qui rappelle à certains égards des scènes fantastiques comme seul John Cassavetes savait les trousser.

Il y a aussi dans ce huis clos paranoïaque quelque chose de saisissant qui vous tient en haleine au moins le temps pour le charme de s'évanouir... Et la mise en scène qui soutient la tension est d'ailleurs à saluer de ce point de vue. Le noir et blanc également qui est puissamment expressif.

Mais voilà, tout ceci est finalement très verbeux. Ca parlotte, ça parlotte, ça ne fait que tailler le bout de gras souvent pour ne pas dire grand chose et alors même que ces deux esprits chagrins se croient sur écoute et menacés... Ce qui a pour effet de dilluer notre attention d'autant que la structure narrative  ne permet pas de montée chromatique de la dramaturgie. Nous sommes empêchés notamment par ces allers-retours un peu mécaniques du présent de cette maison vers le passé où l'on se serait compromis... Flashes back intempestifs qui agissent comme un coupe-faim. Dommage pour finir. Mais pas initéressant, loin de là.    

dimanche 20 avril 2025

La Forteresse noire (The Keep). Michael Mann


La dernière image ? Peut-être ces plans en contre-plongée sur trois maisons dans la montagne de Transylvanie au coeur de la tempête... J'aime beaucoup également les plans de fin dans ce qui ressemble à une grotte immense, une cavité rocheuse d'envergure... Atmosphère tout à fait troglodyte.

L'ambiance du film est à cet égard celle d'un Aguirre (la musique de Tangerine Dream y fait beaucoup) qu'on aurait reprisé avec une narration proche de celle d'un Highlander (les 2 immortels qui s'affrontent d'abord à distance puis face à face) ou d'un Indiana Jones (le côté patchwork historico-fictionnel avec les nazis faisant face à une puissance maléfique qu'ils convoitent mais qui les dépassent pour finir.

J'ai vu le film lors de sa sortie en VHS à l'époque (1983 je dirais) et déjà le sentiment qu'il m'avait laissé était quelconque. Je me rappelle avoir somnolé le plus souvent. C'est que le montage final probablement est contraire aux volontés de Michael Mann. Mais n'empêche ! Le film est évidemment louable dans son intention de contourner la mythologie et les standards narratifs d'un Dracula (puisqu'on navigue en terrain connu avec le château, le vampire, les victimes, le chasseur de vampires venu de loin) en empruntant au film d'aventures (Sorcerer, Aguirre), au film de SF (la créature ressemble davatage à un extraterrestre qu'au comte Dracula) avec cette agglutination de personnages enlisés sur les flancs d'une montagne hallucinée. Il n'en reste pas moins que l'ensemble est bancal, des pistes vite expédiées, des bavardages interminables, des moments inutiles (l'étreinte du couple), des effets spéciaux datés et une musique qui cherche à tort l'atmosphère d'un film d'errance.. Quand il fallait chercher l'atmosphère étouffante d'un surplace, d'un enlisement.

Bref, l'éditeur Carlotta agite la pancarte "film maudit". Je n'y vois qu'un truc assez mal écrit, mal joué (Glenn Scott frise le ridicule comme l'acteur sur sa chaise roulante à de multiples reprises) et faisant ressortir tous les tics malheureux de Michael Mann (notamment l'utilisation mal à propos de la musique).

mardi 1 avril 2025

Juré numéro 2


La dernière image ? Pas facile mais je crois que ce que je préfère dans le film c'est encore le mystère de ce dernier plan : le héros, devenu papa comblé, ouvre la porte et tombe nez à nez avec l'avocate (actrice proprement fabuleuse dans ce rôle) dont le regard ne dit pas grand chose sur ses intentions... Mais le chapitre à suivre, les points de suspension qui donnent de la force à cette fin ouverte.

Ensuite, je dirais que ce film est dans la droite lignée d'un Cry Macho qui était intéressant dans sa portée philosophique, dans les questions de société qu'il soulevait mais dans un élan trop lâche, avec u manque d"énergie, de volonté, de conviction. Ici, c'est un peu le même souci : il est question de justice, de vérité, de survie, de sauvegarde de ses intérêts, d'intentionnalité, de non assistance à personne en danger... Mais globalement, le film a un je ne sais quoi de narration "plan-plan" à l'intensité faiblarde.

Bien sûr le point de départ surprend, on accepte même si le hasard et la coïncidence interrogent. Mais on se laisse prendre et l'on voit bien le canevas d'un 12 hommes en colère se mettre en place avec un Henri Fonda dans la peau ici du juré - coupable.    

Le film déroule son programme et c'est le scénario qui défile sous nos yeux. Tout est trop sagement écrit

La mise en scène ne vient par relever le tout. Il manque le piment, la folie, la vision.

Alors voilà je pense que le regard de braise du grand Clint s'émousse, commence à s'effacer doucement. C'est la vie. Mais on t'aimait Clint, on t'aime et on t'aimera.

Juré numéro 2 est donc un film de procès pas initéressant, qui tient sobrement la route mais pas toutes ses promesses hélas.

Alien Romulus


La dernière image ? La seule à vrai dire c'est ce slalom de l'apensateur entre des flaques de gerbes d'acide ascensionnel. Là on ne pourra pas reprocher au film d'avoir pompé ses prédecesseurs. C'est sa signature. Aucune autre à la ronde. 

Le film commençait pas mal non plus dans cette ville qui rappelle les cités fouillies  dans Le 5e Elément ou Blade Runner...

Et puis tiens, une fois n'est pas coutume, les héros seront ces jeunes écervelés façon Goonies XXL. Un groupe de têtes brûlées flanqué d'un androïde (qui tient plus du doudou grandeur nature) s'avance le nez au vent comme dans tout slasher sans se douter qu'il va droit à l'abbatoir, se coltinant une virée intersidérale vers un vaisseau à la dérive comme des d'jeunes d'aujourd'hui sillonnant caméra au point des friches industrielles en péril.

Ça c'est pour les points rafraîchissants. Pour le reste, on a l'impression d'un best of des bandes annonces des 4 premiers opus éclairés sporadiquement paur une boule galactique à facettes (lumière - pénombre - contre jour - lumière crue etc). Il se dégage une agaçante impression de déjà vu qui finit par lasser objectivement et nous convaincre qu'à tout prendre mieux vaut toujours revenir à l'original et ses 2 première suites portées par de vrais auteurs (Cameron et Fincher)...

lundi 31 mars 2025

L'Amour ouf


La dernière image ? Il y a bien des idées de mise en scène intéressantes, qui valent le détour, notamment la fameuse scène introductive où pas mal de choses se passent hors champ (un peu comme chez Kitano version Sonatine). Mais chez Kitano on sent une volonté par la poésie de sa mise en scène notamment, l'utilisation de la musique aussi,  de casser les codes et de mettre à distance la violence.

Ici hélas la violence n'est qu'un prétexte à une surenchère très adolescente qui finit par donner le sentiment que c'est la violence qu'on veut exalter. Une violence chorégraphiée, léchée, appelé de ses voeux, et donc 100% gratuite et malaisante. Alors que ce premier plan avait l'avantage de nous dire au contraire : on va la dénoncer, vous allez voir, on va parler d'amour... Dommage.  

Le film est pour le reste indigent parce qu'il manque de poésie, d'humour (c'est là que Gilles est le plus fort en général et le film ici en manque trop). Je pense à cette séquence de danse sur The Forest sans distance aucune et qui de ce fait rappelle furieusement une pub des années 90 pour une paire de jeans... Les personnages sont aussi en cause parce que creux comme ces décors bateau des années 80, ces cabines téléphoniques accessoirisées, ces cassettes audio de brocante, cette B.OF. plaquée... On sent les intentions lointainement nobles de recréer dans le ch"nord un truc entre Jeux d'Enfant, les Affranchis... Oui mais ça ne prend pas une demi-seconde. Entre la famille du mari et celle de l'amour de jeunesse, on pense davantage aux Groseille et aux Lequennois. Et côté Poelvoorde pourtant impec dans son rôle, on ne pense jamais ni aux Capulet ni aux Montaigu. D'abord parce que les autres acteurs cabotinent, sont en roue totalement libre... Chabat est Alain Chabat à l'écran, Adèle E. est aussi désarmante de naturel qu'elle le serait en interview sur un plateau : les mêmes intonations, les même moues boudeuses, elle ne disparaît jamais derrière son personnage. C'en est gênant pour elle. François Civil surjoue la nervosité, le destin à tout crin, plissant fort les yeux, tapant du poing en hurlant (un enfant capricieux fait pareil à son niveau lorsqu'il est privé de Playstation)... Tout est sursignifiant, sursignifié par des dialogues pauvres, d'une trivialité confondante. Je pense à la scène où le ridicule est le plus palpable :  celle de la lecture pendant qu'un infirmier sans tête refait tranquillment des points de suture dans la chevelure d'Adèle E. Il aurait pu lui faire une couleur, c'était la même... Pas une grimace, un texte naturellement projeté comme pour un filage chez le coiffeur.

Bref... Pas ouf !  

dimanche 30 mars 2025

Vincent doit mourir



La dernière image ? Probablement l'entrée en matière dans un monde qui nous est bien connu. L'entreprise, un service communication semble-t-il, des réunions, le personnage principal un tantinet cynique avec un stagiaire et hop ça dérape sévère en 2 temps 3 mouvements. Le côté fantastique s'installe vraiment et imprègne le spectateur lorsque cette première agression sans véritable motif valable se répète ailleurs, au contact d'autres personnages tout aussi violents sans raison.

L'acteur principal, un peu monolithique, n'est pas inintéressant mais passablement énervant (sa passivité recherchée probablement, son absence de méchanceté qui justement aurait eu le mérite de brouiller les pistes sur les motivations des uns et des autres à son endroit). C'est là pour moi un des gros loupés du film : Ce Vincent ne fascine guère. Son côté Saint Bernard (exploité che les frères Larrieu avec plus d'à propos) laisse vraiment sur le bord du chemin.

Par ailleurs, dès lors qu'il s'extraie de la grande ville, pour gagner sa maison de campagne et que le film entend lorgner du coté de la comédie romantique (je pense à la rencontre avec la jeune femme dont il s'éprend et vice versa), je trouve que le film s'égare d'autant que cette histoire ne recèle rien de trépidant ni de passionnant. Toute la thématique "je t'attache pour ne pas que tu me supprimes" est d'ailleurs lourdingue, répétitive et n'apporte pas grand chose à la résolution et au dénouement très référencé (L'armée des morts) pour le coup mais sans la force incroyable de ce dernier (via des images video d'archives retrouvées).

Vincent doit mourir reste une tentative intéressante dans les intentions et bienvenue si l'on regarde de près ce que propose le cinéma hexagonal en la matière.  Mais le résultat laisse trop à désirer en raison de cette volonté qu'on sent de vouloir imprégner le film d'influences de trop de genres différents. A cause aussi de ce personnage bien trop vélléitaire quand on aurait dû en faire (à mon sens) un chef de famille méticuleux arriviste et sans pitié pour son prochain. Façon par effet de miroir de faire naître une forme d'humanité chez lui...        

The Critic

La dernière image ? Tout ce que je retiens ici c'est la texture de l'image riche et aux tons rouges sur laquelle se promène à deux reprises la fameuse musique du plan de fin de Shining (Midnight and the starss and you). C'est absolument la seule chose à sauver d'un film (probablement de commande) sans âme et qui pourtant sur le papier devait avoir de la gueule : L'histoire d'un vieux critique qui pour garder sa place fait chanter le Directeur de sa publication en instrumentalisant une jeune actrice qu'il n'a pourtant eu de cesse de démolir dans ses colonnes...

On peut tranquillement passer son chemin.

Trap


La dernière image ? Très brève mais j'adore cette capacité de Shyamalan à nous arracher une larmichette quand à la toute fin la jeune Riley se rue dans les bras de son papa menotté et officiellement démasqué comme étant "le boucher". Folle gageure que de réussir à créer du sentiment malgré le sordide ambiant et l'antipathie qu'inspire objectivement le tueur. Mais l'espace d'un instant' il redevient le papounet protecteur qui pense à tout dans la maison... On est attrapé (sans jeu de mots).

Pour le reste, le film joue probablement trop sur l'imprévisible et la surprise, l'improvisation, ce qui perturbe et laisse place au sentiment (qui n'est pas qu'un sentiment)  que le scénario est parfois expédié, se fout presque du spectateur, comporte en tout cas de grosses faiblesses en termes de cohérence. La première partie est en cela faiblarde malgré un dispositif ingenieux (huis clos mais avec une foule où chercher l'aiguille) et cette idée de départ puissante (être papa poule le jour, rendre heureux ses enfants, mais être un monstre la nuit... C'est tout a fait possible). Faiblarde en raison notamment d'une méthode pour l'évasion qui interroge sur sa crédibilité (avouer son identité à la starlette sans rien essayer d'autre). Ingénieux là aussi mais tiré par les cheveux. On retiendra tout de même de cette premiere partie un message et une morale limpides : sortez de l'anonymat, côtoyez les grands de ce monde si vous voulez vous en sortir, devenez forts avec les forts sans quoi...

Le revers de cette médaille (en chocolat) et la force de la seconde partie c'est précisément ce qu'en fait la star qui ne manque pas de ressources pour prendre Le Boucher à son propre piège. Et toute la résolution dans le foyer familial est pour cela puissante, parfois angoissante, souvent percutante.

C'est pourquoi je retiens malgré d'évidents défauts les nombreuses idées fabuleuses dans ce film : l'inventivité de la starlette pour subtiliser le téléphone du Boucher et faire libérer une victime de ce dernier en exploitant les fameux réseaux sociaux, brillante idée. Farfelue mais brillante. La séquence finale aussi est réussie entre le mari et sa femme. Une tension palpable et puissante. Un dénouement malin avec l'histoire du gâteau puis du vélo d'enfant (moment tendre qui cache encore une énième machinerie révélée dans le dernier plan). D'ailleurs, tout ici se construit avec le recul sur une dualité  fondamentale, métaphore sur le montré et le caché : scène/coulisses, sous les projecteurs/dans l'obscurité, la maison. le tunnel,  la célèbrité / l'anonymat, ce que je te laisse voir de mes intentions/ce qu'elles sont vraiment (l'histoire du vélo)...

Et puis j'adore les clins d'oeil bien sentis à Psychose (le rire du dernier plan)  Le silence des agneaux (la séquence juste avant avec le vélo) ou Halloween (les extérieurs de la maison familiale). 

Quant à Shyamalan, sa maestria pour une mise en scène au cordeau fait comme presque toujours mouche.

Enfin cet acteur que j'ai souvent trouvé quelconque est vraiment crédible dans ce rôle et offre je trouve une performance ultra convaincante.

A voir donc ! Un divertissement horrifique toujours malin avec Shyamalan et qui fait réfléchir.