lundi 15 décembre 2025

Bone Tomahawk


La dernière image ? C'est difficile à dire, mais j'aime beaucoup la séquence d'introduction qui est finalement un teaser sacrément réussi de ce qui va suivre. D'emblée l'annonce est faite d'un mélange des genres, du western académique (ici l'intrigue de la prisonnière du Désert) au film d'horreur trempé dans The Descent ou Cannibal Holocaust et mâtiné de Mad Max Fury Road (pour les habitants aux allures d'ogres de ces maisons troglodytes).  

C'est vrai qu'après coup, je me dis que ce film aurait mérité meilleur sort en France (une sortie en salles, pourquoi pas ?). Notamment ce casting aux petits oignons qui ramène souvent vers John Carpenter, Quentin Tarantino ou Rob Zombie.

L'intrigue, baignée de mystère, est également captivante même si j'aurais aimé qu'on consacre plus de temps à l'arrivée de ce personnage énigmatique qui entraîne avec lui son lot de malheurs pour la petite communauté pas vraiment préparée à ce qui va suivre.

Dans l'ensemble, on s'accroche aux personnages, à l'intrigue, jusqu'à ce dénouement de film d'horreur plutôt réussi mais un peu expédié et surtout pas ultra crédible (comment le boiteux est-il arrivé par lui- même dans cette grotte suspendue ?).

Reste que pour une petite série B horrifique, on peut saluer ce mariage (si rare à l'écran) du western et du quasi-survival.

Aride et pas facile d'accès le Bone Tomahawk mais il vaut le détour !

Flow


La dernière image ?

Une très forte charge métaphorique dès l'entrée en matière et cette eau qui ne cesse de monter, monter... C'est la rencontre avec ce "monde" qui est véritablement à chérir.

Tous les enjeux narratifs sont également à saluer?. Cette idée qu'on puisse se passer de dialogues et même d'humains...

Dans l'ensemble, un film d'animation exceptionnel qu'on peut ranger aux côtés des classiques (Le roi et l'Oiseau, La Planète sauvage,...). Seul hic néanmoins : l'intrigue qui se refuse à beaucoup d'artifices et de circonvolutions et peut finalement rappeler la "cinématique" un peu froide (intellectuelle) d'un beau jeu vidéo. Ce faisant, le déroulement de l'intrigue peut aussi évoquer l'encéphalogramme plat de ce bateau fendant les ondes de façon très (trop) rectiligne au fond. Avec tout de même, on le sent, cette nécessité à la toute fin de rappeler que cette odyssée, cet effort collectif n'aura pas été vain. La preuve par l'exemple.

Mais bon, je  fais le difficile... Flow reste un sacré voyage qu'on ne peut que conseiller de faire.

jeudi 6 novembre 2025

Tous les démons sont ici

 

La dernière image ? Le héros (bon acteur), visage de suie, dégainant sa cigarette assis comme le condamné contre un arbre... Attendant que le destin vienne le faucher.

Problème de ce film : on comprend vite les enjeux, en fait dès ce quasi-accident de la route qui nous fait dire..... Hum, cet accident est tout sauf anodin. Alors tout ensuite est à l'avenant. Cet enlisement dans un lieu qui n'a rien de très réel, évidemment le film finit par ne plus avoir aucune saveur. Et la petite révélation finale n'a pas l'effet escompté (enfin, sur moi). Fort peu d'intérêt par ici.

 


dimanche 26 octobre 2025

The Apprentice


La dernière image ? j'aime beaucoup ces retrouvailles entre Trump et Cohn en bas de la Trump Tower. Ca m'a rappelé de grands moments de Fisher King (la sublime relation Bridges / Williams) dans ce New-York de la fin des années 80 et du tout début des années 90.

Tout est dans ce moment terrible où la toute puissance d'un homme n'est plus qu'un pâle souvenir qui s'étiole dans ce matin bruyant... Et puis l'on comprend aussi que l'héritier de ses fameuses 3 règles de vie les a faites siennes jusqu'à mépriser Cohn qui pourtant le déclame alors à qui veut bien l'entendre : "je t'ai fait" ! Sans grand effet...

Frankenstein (idée qui se prolonge avec l'opération de liposuccion et de greffe de cheveux)  et le mythe Faustien (avec ce fameux lieu anxiogène où Trump vient explicitement vendre son âme au Diable)  sont évidemment convoqués (même de façon un peu trop lourde à mon goût) tout au long du film... 

Je tiens surtout à saluer la performance d'acteur qui est renversante. On perçoit sous le masque de l'acteur, la vérité (pas belle à voir, résolument sombre) de ce Trump Homme-Enfant qui au fond n'a jamais été qu'un marmot insupportable et désireux de continuer en grandissant à jouer avec ses jouets grandeur nature (la fameuse maquette Taj Mahal sur son bureau)... L'Art du deal dont il se réclame de façon infantile ne serait dès lors que cette obsession renouvelée "plus grand" de troquer ses billes pour en posséder toujours plus... Le genre de collection dont on ne voit jamais le bout.      

Voilà pour finir une morale du film dont Cohn aurait dû faire sa 4ème règle de vie : Méfiez-vous des apparences... et surtout d'un homme qui peut au premier abord vous sembler gentil, riche, bien sous tous rapports, éduqué, cultivé, ne buvant pas, ne fumant pas, ne prenant aucune drogue... tTrump au fond c'est le grand méchant loup déguisé en Mère-Grand.

samedi 25 octobre 2025

La nuit se traîne


La dernière image ? La chanson de Petula Clark qui sert idéalement de titre au film, la texture "film noir" des images, l'atmosphère nocturne dans l'habitacle de la voiture du jeune serrurier. C'est quand même un peu juste...

Il faut dire que le film est absolument prisonnier de références envahissantes, la plus évidente étant Collateral. Le film s'y rattache beaucoup mais finalement beaucoup trop (la rôle de la voiture, les cheveux peroxydés, la boîte de nuit, la décision d'aller sauver la jeune femme à la toute fin et j'en passe).

Par ailleurs ce qui ressort le plus dès que l'intrique se déploie c'est qu'elle est "cousue de fil blanc"... Franchement tous les petits éléments de la narration censés la faire avancer (le téléphone récupéré par le héros, le frère de la jeune femme qui appelle pile poil quand elle est au Boucan et reconnaît ainsi l'endroit...) sont vraiment lourdingues.

L'idée sur le papier était louable mais le résultat est bien trop bancal et surtout maladroit.

Rosemary's Baby


La dernière image ? Incontestablement le visage illuminé de Mia Farrow qui se découvre l'instinct maternel quand bien même l'objet de son amour, hors champ, serait le Diable en personne... Final d'une ambiguïté absolue.

Le talent du film c'est d'arriver à ce point de bascule, travail d'orfèvre, performance d'équilibriste, qui parvient à créer ce moment, cette scène finale où l'amour maternel semble plus fort que tout ce qui aura précédé, la manipulation, l'humiliation, l'enfermement, la possession, l'empoisonnement, le viol...

C'en est peut-être aussi la limite. Car même si grâce à un sens de la mise en scène fantastique, la construction (diabolique) et la montée (lente, insidieuse) du malaise sont implacables, frisant la perfection, il arrive qu'on se dise tout de même à 2 ou 3 moments : "Mais quelle indécrottable cruche" ! Je pense notamment à ces moments où elle se confie (sans se méfier une seule seconde de la duplicité de son Jules, même si Cassavetes est proprement extraordinaire dans son rôle qui tour à tour inquiète et rassure) sans filtre ou lorsqu'elle décide d'aller re-consulter le Docteur Hill puis se ravise malgré les douleurs, les doutes, la mort d'un proche... C'est le seul reproche qu'on puisse légitimement formuler. Cet embrigadement s'accomplit de façon linéaire et au final sans grande résistance ou difficulté.

Vous me direz, elle a été choisie pour ça Rose-Marie. Pour cette capacité inouïe à faire l'autruche... 

lundi 6 octobre 2025

Kill

 

L'exercice de style façon ONG BAK a fait long feu et désormais le cinéma Indien vient se mêler à la bagarre pour accoucher d'un reboot sur-vitaminé où la scène de l'extincteur d'Irréversible semble y devenir un détail de l'histoire, où l'objectif est clairement de détrôner les prédécesseurs (tout aurait-il commencé avec Anthropophagous l'homme qui se mange lui-même ?) en allant toujours plus loin dans le dégueu pour découper les chairs sanguinolentes par tous les moyens possibles (à coups de dents limées why not ?) dans un train lancé à vive allure...

Côté mise en scène, du talent le film ne manque pas surtout dans de si petits espaces et l'exercice de style est acceptable. Mais dès qu'on se penche un peu sur la gestion de la géographie de l'espace confiné de ce train, on se dit comme souvent que n'est pas Mc Tiernan qui veut... On est perdu entre les visages, les lieux dans lequels sont censés au choix se cacher ou évoluer les personnages.

Enfin c'est surtout côté intrigue, narration et psychologie que le bât blesse sacrément... le ridicule affleure souvent et ça gâche beaucoup de ce spectacle qui était pourtant censé rendre crédible la folie meurtrière s'emparant du héros après que sa fiancée se soit faite zigouiller puis éjecter du train en marche... Ca fait surtout flop au final.   

jeudi 2 octobre 2025

Le Royaume


La dernière image ? Probablement cette séquence où le personnage en cavale coiffé d'une perruque marche sur un trottoir face caméra et se trouve rejoint dans son dos par deux hommes dont on pense d'abord qu'ils sont là pour le supprimer... Séquence très bien réalisée, maîtrisée comme l'est par exemple la (longue) séquence de la piscine à l'issue de laquelle le fugitif perçoit des regards soupçonneux se portant sur sa personne, les effets indélébiles de la paranoïa à l'oeuvre.      

Bien sûr, cette tentative de voir la vie d'un homme se cachant, errant de planque en planque depuis les yeux, le regard de sa fille unique adorée a quelque chose d'intéressant, de touchant même. Il y va de la subjectivité du point de vue qui adoucit parfois, ramène de l'émotion, aborde le rapport universel père-fille, nous parle de la fatalité, de ce qu'on transmet malgré soi à ses enfants... Tout ça est fort louable.

Mais l'un des problèmes majeurs est que cette histoire n'a rien d'universel. La volonté d'humaniser un "lâche" (c'est à dire un homme qui a fait tous les mauvais choix dans sa vie et qui semble ne pas vouloir les  assumer avec cette fuite en avant) après l'avoir décrit comme un père de famille comme les autres (présent et absent) avec les mêmes besoins (physiologiques), les mêmes petits problèmes du quotidien finit par donner au film l'impression qu'avait donné François Hollande en se décrivant comme un "président normal". On a du mal à souscrire. Il y a quelque chose qui se refuse à l'intelligence. Ce qu'on se dit surtout c'est que  l'ordre des choses c'est qu'il périsse par le feu, que le malheur s'invite à sa table. Il n'y a pas de rédemption possible par ici... Noir c'est noir. Et le film est en cela terriblement monocorde et prévisible.  

Et une fois ce postulat imposé d'homme après tout normal qui aime sa fille, le film déroule sa petite partition de façon implacable (de planque en planque, de fait divers en fait divers relaté par un poste de télévision, d'ami mort en ami mort assassiné), sans surprises, où le père plutôt que de tenir sa fille éloignée par précaution (dans un autre pays, finançant ses études coûteuses en appliquant les règles qui l'ont mis là où il est, dans un "poste" de décision) va la précipiter naturellement vers l'horreur la plus totale en la gardant près de lui. Dans un climat de retour éternel des mêmes choses. Il y a tout au long du film un truc lent, sourd et répétitif qui finit par lâcher le spectateur... Enfin qui m'a lâché moi. L'impression finalement que les personnages ne sont que des silhouettes avec (si) peu de marge de manoeuvre. Corseté ! (sans jeu de mot). Irrespirable. Et pour finir assez oubliable me concernant. J'ai attendu tout le film la remontée vers la surface, la prise d'air, mais hélas jusqu'au dernier plan, c'est encore la même musique. So what ? Le cinéma je crois a vocation à faire penser autrement, à donner des perspectives qui élèvent l'âme en donnant à réfléchir. Ou alors il fallait un documentaire choc sur le sujet.

mercredi 1 octobre 2025

Vingt Dieux

 
La dernière image ? J'aime vraiment ce film d'un bout à l'autre, je suis tout de même sensible à ce dernier champ / contrechamp. Ce visage marqué mais solaire de Totone, personnage qu'on n'oubliera pas facilement. Un bonheur de film qui redonne foi dans le cinéma. Et dans l'humanité. 

Je n'avais pas ri et pleuré comme devant Vingt Dieux depuis un bout de temps. Et il y a ds raisons à cela : je sens au-delà de l'écriture qu'on sent mature, profonde, aimant la complexité, n'ayant pas peur des contradictions, des ambiguïtés, un talent pour la mise en scène et la direction d'acteurs qui plus est lorsqu'il s'agit de natures et de comédiens non professionnels... Il en faut du talent pour accoucher d'une telle vérité à l'écran. 

Un film sur la jeunesse, sur le terroir, sur des gens simples. J'ai beaucoup pensé aux frères Dardenne. Certains ont cité Loach. Vrai aussi. Il y a ici ce que le cinéma social anglais a donné de plus puissant (My name is Joe par exemple).

Du réel, des émotions vraies, du clair-obscur dans la psychologie des personnages jamais lisses, du deuil et tout de suite des sourires enfantins pour désamorcer la douleur, la souffrance : voilà comment un grand film vient jusqu'à soi.

Curieux d'ailleurs qu'il n'ait pas été en sélection officielle à Cannes. Il y a tellement de films surcotés à Cannes chaque année que celui-ci aurait probablement mérité un meilleur sort.

Une cinéaste à suivre assurément.

Sinners


Le dernière image ? Peut-être la séquence de danse qui en un long travelling fait se rencontrer les époques, les musiques et les territoires entre Blues, Rap, DJ et danses tribales d'Afrique de l'Ouest... 

Le début est intrigant, on navigue entre western, film historique sur les années précédent l'abolition de l'esclavage... Et puis soudain on est de façon trop grossière dans l'horrifico-fantastisque chez Roberto Rodriguez et Quentin Tarantino. From Dusk till Dawn est convoqué de façon si lourdingue qu'on décroche immanquablement. D'ailleurs les invraisemblances du scénario sont également légions. Et l'humour bien trop absent. 

Restent les jolies tentatives de raconter la musique entre Blues et Cajun, entre Afrique de l'Ouest et Rap US au cours de quelques séquences tres "comédie musicale" plutôt réussies.

Mais c'est beaucoup trop peu...

dimanche 14 septembre 2025

Kingmaker Morkeland

La dernière image ? Difficile à dire, ce n'est pas un film qui marque par des images mais plutôt par le sérieux de l'écriture, le jeu très juste des personnages principaux, l'intelligence de l'intrigue et ce contexte politique (de campagne électorale) si bien restitué. Bon j'aime beaucoup malgré tout le passage où la jeune journaliste réalise qu'elle est en présence d'un tueur déguisé en homme de ménage dans des bureaux la nuit. Moment clé qui advient juste au moment de l'accident de de la route... Intensité dramatique alors maximale. 

J'aime beaucoup également le personnage principal en proie à une attente côté santé et qui s'allie harmonieusement à 2 compères pour faire éclater la vérité. 

Je trouve que même si le dénouement reste un tantinet attendu et peut-être déceptif compte tenu des attentes que légitimement le début du film a suscité, cela reste un sacré bon petit film Danois qui me laisse à penser que ce réalisateur a bien du talent pour raconter des histoires. Je conseille.

samedi 13 septembre 2025

Cat Person

 
La dermière image ? Ce visage, cette actrice dans son rôle derrière ce comptoir dans ce cinéma où les âmes esseulées passent, rêvent et n'attendent rien mais toujours espèrent...

Je rêve depuis longtemps d'écrire une histoire d'amour dans ce lieu magique qui à mon sens est sous-exploité ici même si l'on finit par y retomber sur ses pattes comme un chat. Souplement.

Franchement, malgré les défauts (ce dénouement trop bref hérissé d'incompréhensions ente les deux êtres), le film est attachant, intelligent, porte un regard doux amer sur cette époque des tâtonnements amoureux, sur les craintes des unes et des autres, sur les rêves et les attentes qui toujours se heurtent à la réalité, aux déconvenues de la banalité quotidienne, des petites mesquineries. J'aime beaucoup les acteurs tous épatants pour camper des personnages qu'on n'oubliera pas.

Un petit film certes mais qui vaut amplement le détour. Et le choix des musiques est aussi à saluer. Comme l'est la charge mélancolique des références qui occupent l'esprit des deux héros, la pellicule et la mémoire pour finir. 

mercredi 3 septembre 2025

D'après une histoire vraie

La dernière image ? Le visage d'Emmanuelle Seigner. Sublime à tous les âges, emplie d'un mystère insondable, actrice incroyable.

La.difficulté c'est de faire le poids en face et franchement Eva Green dans ce rôle fait mal au cœur tellement elle surjoue en permanence au point de finir par rendre peu crédible l'entêtement de l'autrice à la laisser vivre sous son toit (et possiblement dans sa tête). Or c'était tout l'enjeu, de nous permettre d'accéder à cette possibilité. 

Ce qui fait que si on est dans un pseudo Fight Club avec dédoublement de personnalité, ça ne passe pas, et si on est dans l'intrusion d'une fan envahissante dans la vie de son idole facon Misery ça ne passe pas non plus... Parce qu'il manque la capacité du film à rendre l'attirance de l'autrice pour "Elle" crédible à l'écran dans les deux cas...

Pourtant, autant la première partie sonne vraiment creux et on sent Polanski absent des débats, semblant de désintéresser totalement de la mise en scène/place, autant le dernier segment dans la maison de campagne retrouve un peu d'allant, de matière,  de croustillant. Mais c'est trop peu ou trop tard. Reste Emmanuelle Seigner toujours envoûtante. 

The Children


La dernière image ? Très joli moment de mise en scène vu du ciel après un mouvement circulaire autour de la maman blonde.

L'idée peut rappeler Le village des damnés et son inexplicable postulat de départ. Le vrai problème je crois ici c'est l'âge des enfants... Trop petiots pour faire vraiment peur et ça oblige le scénario et la réalisation à des contorsions, à créer des situations un peu alambiquées, tirées par les cheveux pour rendre crédibles les morts d'adultes (comme dans The Omen où pour le coup il est essentiellement question de fantastique donc ça passe). Ce qui fait que lorsque l'horreur se fait jour, on reste un peu détaché...  En cause la vraisemblance de ce qu'on nous donne à voir.

Dommage parce qu'il y a quelques bonnes idées (notamment de mise en scène) par ici. 

dimanche 31 août 2025

Knock knock

La dernière image ? Keanu Reeves enterré jusqu'aux épaules comme dans un certain album de Rahan face aux fourmis rouges ou comme sur certaines images chocs de ces hommes ou femmes au moment d'une atroce mise à mort par lapidation... 

Sinon, un film beaucoup trop faiblard. Keanu Reeves confirme qu'il est un piètre acteur. Sur un sujet comme ça, j'imaginais deux femmes (avec complicité extérieure par exemple) faisant le tour des maisons cossues histoire de faire payer ces "salauds de riches" et accessoirement faire une razzia ou alors dans une ambiance Charles Manson j'avais  l'idée quelles venaient pour s'adonner à leur jeu favori, le sacrifice humain en l'honneur de je ne sais quelle entité extraterrestre ayant l'estomac dans les talons... Et j'aurais bien fait débarquer ces deux écervelées en mission diabolique chez un serial Killer ou un John Wick démoniaque bien tranquille avec son petit chien avant la métamorphose...  Et là y aurait eu de quoi créer un truc intéressant. Mais ce pensum moralisateur ne va pas au-delà d'une idée quelconque et d'ailleurs si ces jeunes femmes entendent juste donner des leçons, pourquoi assommer le type avec le risque de le tuer (un hématome cérébral est si vite arrivé) ou prendre le risque de laisser mourir l'homme asthmatique avec toutes les conséquences (gravissimes) qu'on peut imaginer pour elles qui seront faciles à coincer ne serait ce qu'avec les empreintes digitales qui doivent être absolument partout dnas la maison, bref... La catastrophe.

mardi 19 août 2025

Le locataire (The Tenant)

La dernière image ? Beaucoup de moments m'ont marqué, à commencer par l'incroyable travelling du début qui laisse à penser que Dario Argento a pu s'en inspirer pour son plan séquence / morceau de bravoure dans Tenebre tourné 6 ans plus tard.

Mais beaucoup d'autres moments restent en mémoire comme cet instant suspendu où le personnage principal s'aperçoit chez lui derrière sa fenêtre depuis les toilettes du pallier (sacré pallier en forme de U si l'on en croit la géographie des lieux depuis la cour de l'immeuble). Impressionnant, comme l'est cette rencontre avec l'ex locataire au visage bandé sur un lit d'hôpital et qui à la vue du nouveau locataire a soudain l'air effrayé. Toute la séquence finale, où chaque habitant de l'immeuble est comme "au spectacle", est également fabuleuse. David Lynch a probablement lui aussi beaucoup emprunté à ce film pour son fameux "cinéma mental" (Twin Peaks / Lost Highway / Mulholland Drive / Inland Empire).  

Le Locataire prend l'exact contrepied de Rosemary's Baby car il va creuser non pas du côté de l'entreprise diabolique prise au pied de la lettre et au premier degré mais du côté de la folie, d'une personnalité trouble aux penchants dissociatifs, de la schizophrénie saupoudrée de paranoïa comme maladie mentale agissant de façon sournoise sur le personnage principal, pourtant bien sous tout rapport dans les premières minutes du film et dont la vision du monde se trouve peu à peu grimée à l'image de son apparence physique qu'il va modifier (sans vraiment s'en rendre compte) au fil du temps...

Le film dans la façon dont il fait grimper la tension Kafkaienne est magistral jusqu'au final en apothéose qui fait évidemment se répéter les mêmes fins dernières pour le locataire et celle qui l'aura précédé.

Mais une idée émerge alors lentement : Dans le tout premier plan séquence, il me semble reconnaître derrière la fenêtre de la chambre d'où Simone Choule a sauté les traits de Roman Polanski... On ne sait pas quand a vraiment commencé le désordre mental du personnage campé par ce dernier. On sait juste qu'il vient d'apprendre (par une connaissance) qu'un appartement était à louer dans l'immeuble. En ce cas, qu'est-ce qui empêche de penser qu'il connaissait déjà Simone Choule, qu'il en était fou au point de la jeter par la fenêtre et de prendre sa place jusqu'au bout, jusqu'à devenir elle ? Je dis cela puisqu'un moment clé du film est celui où Simone Choule semble effrayée sous les bandages en découvrant près de son amie (jouée par Isabelle Adjani, qui relèvera ce détail plus tard) le fameux M. Trelkovsky.

Aux angles morts la grande oeuvre. le Locataire en est une assurément !

lundi 18 août 2025

Marathon man

La dernière image ? Comme pour les très grands films, on pourrait retenir de nombreux moments qui impriment durablement la rétine puis marquent les esprits. J'adore par exemple toute la séquence dans une chambre d'hôtel à Paris : un visage inquiétant apparaît derrière un voilage, le personnage campé par Roy Scheider est "à nu" littéralement face au tueur au regard vide, armé d'un fil de pêche tranchant comme une feuille de boucher. Un autre homme est alors en face au balcon comme au spectacle. Moment d'anthologie (qui en inspirera de nombreux autres, je pense à History of violence de David Cronenberg et sa scène dans un Hamman). Toute la séquence du landau et de la poupée est également puissamment construite. J'adore enfin les notes fantastiques, angoissantes, comme ce moment du ballon de foot qui arrive de nulle part en bas d'un escalier...

On aurait pu aussi retenir la scène de torture dans le cabinet improvisé de dentiste mais elle est plus attendue et souvent citée en exemple.

Au fond Marathon man est un simili James Bond où le héros serait le petit frère prenant le relais après la mort de ce dernier mais lui n'est qu'un étudiant sans grande envergure qui ne rêve de rien d 'autre que de courir le marathon de New-York. Obstinément. C'est d'ailleurs ce qui va lui sauver la vie. Cette endurance.

La construction habile, fragile et précieuse de la première partie du film permet à cet effet de lancer des 3 coins du globe (Paris, Amérique du Sud, Central Park) les toupies furieuses des 3 personnages clés qui seront les moteurs de l'action, destinées à s'entrechoquer tôt ou tard.... Il y a d'abord les retrouvailles entre les 2 frères désunis mais si semblables, si crédibles surtout. Enfin la figure du Marathonien qui soudain sait derrière quoi il court enfin : venger son frère, régler son compte à ce vieux nazillon de Laurence Olivier campant haut la main l'un des plus grands méchants de l'histoire du cinéma. Rien que ça.

Et le film s'achève sur une scène finale brillante, à portée métaphorique très forte, où les diamants éternels des ambitions tristes du Méchant sont passés au crible du tamis de l'existence, du temps qui passe, des comptes qu'il faut solder tôt ou tard avec son passé qui lui n'a de cesse venir et revenir frapper à votre porte, sans ménagement... Comme ces anciens déportés qui au détour d'une rue de Manhattan reconnaissent leur bourreau.

dimanche 17 août 2025

Le Canardeur (Thunderbolt & Lightfoot)


 La dernière image ? Ce final lumineux, par une journée ensoleillée au volant d'une belle Cadillac. Tout le cinéma de Cimino est peut-être là ! Dans cette relation touchante, fraternelle, presque filiale entre Thunderbolt et Lightfoot. Ce final rappelle d'ailleurs pas mal celui de Macadam Cowboy.

Voilà donc un film et un final qui vivent sous le signe de l'amitié. C'est d'ailleurs ce qu'on retient in fine d'un film comme The Deer Hunter, la même ode à l'amitié et à ce sentiment que plus elle est  authentique plus la tristesse qui découlera des séparations, des deuils à faire, sera douloureuse. Et Cimino est peut-être un des cinéastes qui célèbre le mieux cette amitié virile si particulière, si touchante.

A vrai dire, la séquence d'intro (autour de l'église) et toute la première partie du film reprennent les ficelles des films d'action et comédies policières (un peu quelconques) comme on en faisait à l'époque avec courses poursuite, coups de feu, bons mots, dans un esprit très western. Mais cette légèreté revendiquée n'est ici qu'un vernis destiné à sauter à la première occasion pour mieux révéler par contraste la violence, le sordide, quelque chose de beaucoup  plus lourd et sourd. Je pense à ce complice jeté comme un vulgaire sac poubelle tombé du camion sur la route en pleine nuit. Je pense au personnage campé par G. Kennedy qui finit "comme un chien" égorgé par un Dobermann. Je pense enfin à la mort déchirante de Lightfoot, l'innocence par excellence, le personnage solaire qui accepte son sort non sans regretter de ne pas avoir pu profiter un peu plus longtemps de ces bons moments aux côtés de Thunderbolt, de la joie aussi d'avoir enfin retrouvé le chemin de cette école, de ce tableau noir, symboliquement de l'enfance, une des portes (secrètes) du Paradis.

Sons

 

La dernière image ? Une seule transcende tout le film d'une vibrante poésie, c'est la mini séquence silencieuse dans une cour au coeur de la nuit où le prisonnier peut oublier qu'il ne sait plus trouver le chemin du sommeil. Moment de répit qu'autorise une gardienne, son bourreau de circonstances, non sans garder un oeil accusateur sur lui. Tous deux sont alors sporadiquement éclairés par les traînées lumineuses d'un feu d'artifices qui se tient tout près. 

j'avais vu The Guilty, malin petit film de genre précédé d'une élogieuse réputation qui se révéla exercice de style plutôt vain au final, sans grande envergure. Je ne me rappelle d'ailleurs de pas grand chose si ce n'est le dispositif, très théâtral et restant sur le plan des idées, sans véritable incarnation.

Ici le real voit un peu plus grand. Son cauchemar repousse les murs de la pièce du précédent opus pour embrasser l'enceinte d'une prison.

Après une entrée en matière très "documentaire", avec peu d'aspérités, peu de prises pour le spectateur qui objectivement sur ces 10 premières minutes s'ennuie un peu, probablement l'effet "film d'auteur Danois" qui peut refroidir... Va pourtant rapidement se mettre en place un jeu sadique d'acharnement entre une gardienne et l'assassin de son fils qui vient de débarquer et dont elle veut à tout prix se venger. Pour racheter (on va le comprendre lorsqu'elle se confie rapidement plus tard) ses propres manquements. Elle n'a en effet jamais rendu visite à son fiston de son vivant, qui était également incarcéré, jusqu'à sa mort violente...   

En filigrane, sont convoqués les fameux mécanismes retors d'un Orange Mécanique qui voit d'anciennes victimes du personnage principal (divinement incarné par Andy Mc Dowell) prendre un malin plaisir à se venger de la plus sadique des façons... Ici c'est un mécanique par procuration avec transfert psychanalytique (je venge la chair de ma chair) mais on retrouve les mêmes ingrédients. Qui est plus à plaindre ? La victime du premier meurtre ou celle de la torture physique et mentale à l'oeuvre aujourd'hui ? 

On ressent ici et là un certain malaise devant l'acharnement patent (et assez gratuit) de cette gardienne puis lorsque le paradigme change, qu'elle est menacée (sous condition de plainte dudit prisonnier) et doit donc "pactiser" avec le meurtrier de son fils, on voit s'installer une relation plus trouble où c'est alors lui qui tire les ficelles. Avec là encore (mais chez l'autre) un certain plaisir coupable. Ce n'est pas inintéressant mais ça ne va jamais chercher très loin dans l'intensité au point que lorsqu'elle lui révèle la vérité (sur qui elle est) ça fait curieusement l'effet d'un pétard mouillé. La réaction du jeune homme paraît même anachronique, insensée : courir à perdre haleine puis tomber après 20 mètres à peine en courant le risque qu'elle commette l'irréparable au nom d'une tentative d'évasion...Quant à la réaction de la gardienne (Je vais le tuer ici puis non...), elle est en revanche trop prévisible... C'est un fils, j'ai perdu le mien, n'ajoutons pas du malheur au malheur. 

Bref le film est pour finir trop recroquevillé sur lui-même et cette relation. La seule fois que ça décolle vraiment c'est lors de ce repas chez la mère du prisonnier. Parce qu'on a soudain des clés pour comprendre un peu mieux qui il est, qui est sa maman etc. D'ailleurs il aurait fallu aussi que cette gardienne entêtée puisse au moins confier son secret (d'avoir sous la main le meurtrier de son enfant) par exemple à une amie très proche, à son compagnon du moment, au père de son fils décédé... Cela aurait renforcé le lien entre elle, son histoire et le spectateur que nous sommes. On n'a trop peu de clés sur ce qu'elle pense, ce qu'elle ressent et qui elle est pour être pleinement à ses côtés.      

samedi 16 août 2025

Evanouis

La dernière image ? D'une façon générale j'ai été marqué par la capacité du film à faire peur et rire à la fois. Et j'ai apprécié cette dimension comique (assumée et très efficace) comme l'idée hilarante de ce personnage de jeune héroïnomane qui une fois possédé revient à la charge 100 fois encore et encore mais étant trop frêle physiquement finit écrabouillé par le personnage du père obsédé à l'idée de retrouver son fiston.

Il y a beaucoup de moments franchement drôles dans ce film (le même jeune toxico ne se rappelle plus s'il est séropositif face à l'attitude angoissée du flic) qui par ailleurs fait la part belle à de vrais personnages écrits, intéressants. C'est aussi ce que je retiens de positif, ce soin apporté à la caractérisation de personnages clés. Je suis beaucoup plus réservé sur le découpage en chapitres par personnages. S'ils sont suffisamment fouillés - et c'est le cas -  pas besoin de leur consacrer à chacun une tranche de l'histoire. Mais c'est bien pratique pour brouiller les pistes, noyer le poisson et faire oublier les insignes faiblesses du scénario.   

Parce que le bât blesse et pas qu'au niveau de la narration mais dès lors qu'on sent la volonté du réalisateur de jouer avec les traditionnels codes du fantastique pour mieux les contourner. Toute une classe disparue dans la nuit ? Sûrement à voir avec la 4ème dimension ? Et bien non que diable, la vérité est beaucoup plus prosaïque : une sorcière pardi de chair et de sang tout droit sortie d'un bon bouquin de Roal Dahl (on pense à Sacrées Sorcières naturellement).  Mais alors si l'on va par là, on espère s'appuyer pour l'explication sur du costaud, du crédible, du réaliste (une fois acceptée l'idée qu'on puisse exercer une emprise sur des gens avec un objet leur appartenant, un peu de son propre sang, un saladier rempli d'eau, une petite branche épineuse et une cloche). Et c'est là que tout s'effondre hélas...

Premier constat : pourquoi devant un tel mystère (au retentissement mondial j'ai envie de dire à l'heure de la surmédiatisation du moindre fait divers) et le choc émotionnel qu'il ne peut que susciter, n'y a -t-il pas pléthore d'équipes TV venu de tout le pays, du monde entier et avec forcément l'idée de vouloir faire un énorme sujet autour de la prof ou du seul élève de la classe qui n'a pas disparu ? Là, on nous décrit cette petite ville pourtant sous le choc comme presque normale à la nuit tombée... 2 péquenauds sur un trottoir, deux pots de peinture à l'arrière d'un pick up et puis c'est tout. Et la seule personne pas liée à l'affaire qui va traîner par hasard du côté de la maison transformée en lieu de sabbat c'est un toxico qui vit dans les bois... Mouais. 

Par ailleurs, sur une telle affaire (dont pourrait même s'emparer le président), pas de policier digne de ce nom sur l'enquête ? Pas de FBI ? Dans The Cure de K. Kurosawa (petit chef-d'oeuvre sur une thématique proche) l'enquêteur cherche à percer le secret du criminel qui manie l'hypnose pour faire commettre des meurtres par d'autres que lui (par procuration en somme). Donc le fil policier n'y est pas qu'un luxe il vient renforcer le caractère plausible d'un postulat de départ pourtant assez fantaisiste (c'est avant tout l'idée théorique d'un inventif qui veut renouveler un genre comme c'est le cas ici)... L'absence de cette dimension policière  et le fait que "l'enquête" soit confiée à des personnages de la vie civile - la prof, le père - permet de faire passer la pilule et de justifier le fait par exemple qu'aucune enquête approfondie ne soit ouverte autour du seul enfant à ne pas avoir disparu et de sa mystérieuse grand-tante. Bien pratique. Evidemment parce que partant de là, les questions simples arriveraient : d'où sort elle cette tante lointaine ? Lorsqu'elle vient et parle pour le père qui se remettrait d'après elle d'un AVC, on ne peut pas vérifier ? Dans quel hôpital ? Soignée par quel spécialiste ? Et la maman où est-elle ? Dans le même état ? Tiens, tiens...

Bon mais passe encore. Vient alors le moment fatidique : A 2h17, près de 30 enfants courent dans le lotissement et personne n'a rien vu ? Aucun chien pour aboyer devant une scène aussi scotchante avec le bruit de pas rapides sur le bitume ? Quand on voit toutes les maisons alentours traversées par la sorcière lorsqu'elle est poursuivie à la toute fin par la meute, on se dit quand même que y a un peu de foutage de gueule. Idem : des caméras parviennent à choper les enfants partant de chez eux mais aucune caméra ailleurs n'a chopé aucun enfant pendant la virée nocturne ? A posteriori, on se dit qu'il aurait été facile avec des chiens renifleurs spécialisés de retrouver la trace des enfants jusqu'à cette maison de malheur en utilisant des effets personnels...    

Autre point : quand la pseudo police vient faire une petite visite de courtoisie, on comprend que la sorcière a fait évacuer entretemps les 30 enfants. Mais pour aller où ? Et comment diable ne pas être vu alors que toute la ville, tout le pays on l'imagine, les recherche ? A cet effet, on ne suit qu'un père obsédé à l'idée de retrouver son fils. Mais quid des 60 autres parents ? Leurs enfants les intéressent moins ? Pas de réunion entre tous les parents meurtris pour élaborer des stratégies, échanger leurs intuitions ?

Autre question : comment les 3 héros (le père, le toxico et la maitresse) peuvent ainsi rêver voir cette "femme clown sorcière" alors qu'elle n'a pas encore exercé d'emprise sur eux et qu'ils ne l'ont encore jamais vue ? 

Interrogation sur les intentions de la sorcière :  Pourquoi couper un cheveu de la maîtresse dans la voiture la nuit (et prévoir de la faire assassiner le lendemain par le proviseur, alambiqué non ?) alors qu'elle peut simplement la mettre sous hypnose comme elle le fait pour les enfants le flic, le toxico ou les parents ?

Je n'ai pas goûté non plus les (sur)coïndences de la narration : le toxico tombe évidemment par hasard sur la maison du forfait et puis comme par hasard sur l'amant de la prof du jeune homme qui y vit... Ca fait trop de hasard pour un seul homme. 

Pour finir au rayon scato : comment les parents et les enfants sous hypnose font leurs besoins ? Puisqu'on les nourrit (le real tient à nous montrer cet aspect pour bien expliquer que tout ça n'est pas fantastique). Il faut bien qu'ils évacuent ? A la queue leu leu en prenant des tickets ? Sur eux mêmes ?  Il y a quand même pas loin de 30 personnes dans cette maison. Je vous laisse imaginer l'état des chiottes ou de leurs caleçons...

Voilà donc un film intéressant pour son humour et ses personnages bien campés mais côté histoire on repassera vraiment... Trop, vraiment trop d'invraisemblables invraisemblances.    

vendredi 15 août 2025

Gerry


La dernière image ? J'adore ce long plan séquence (interminablement beau) cadré sur les 2 visages l'un derrière l'autre, dodelinant à la même cadence. On sent l'obstination, la têtutesse, droit devant, sous le cagnard.

"Ils vont vers leur risque. A les regarder on s'habituera". C'est ce que je me suis dit (René Char was here).

Mais ça ne suffit curieusement pas hélas. Bien sûr, de supers séquences ou plans comme celui-là, le film est truffé. La photographie est fantastique. Comme la petite musique minimaliste qui vient enrober le tout.

Mais voilà.... C'est bien trop peu au final. La raison ? Elle est simple. Voilà deux personnages dont on ne sait rien, qui s'enfoncent (sans eau naturellement, sans carte, à l'époque il en faut à défaut de GPS, surtout en plein désert) sans savoir où aller, sans même se repérer par rapport à une montagne (l y en a toujours une en permanence dans le champ au tout début). C'est le genre d'improvisation qui te prend dans la grande ville (The Cacher in the Rye), ou tout seul quand tu sais que tu veux en finir. Mais à deux copains sur un mode léger en commençant par un petit footing histoire d'avoir vraiment soif tout de suite, sans jamais être capable de se repérer à partir d'aucun détail à l'horizon qui pourtant est absolument dégagé (la difficulté se pose quand l'horizon est bouché), ça fait qu'on y croit pas un instant. 

Le pire peut-être c'est lorsque les paysages changent comme dans un album pour enfant... Savane puis sable puis relief rocailleux puis sommets puis quasi désert de sel... Alors on comprend qu'on est dans un film au propos théorique, à la dimension allégorique à la portée d'un enfant de 4 ans : la vie c'est pas du Kiri, ça finit mal en général.   

On n'y croit guère. On ne s'attache pas puisqu'ils n'existent pas ces deux lascars. et leurs échanges sont évidemment à l'avenant, d'un banalité confondante.  Au niveau visuel, on pense par moments à Zabriskie Point. Mais dans ce dernier, une intrigue il y avait, même toute mince... D'ailleurs c'est Last Days qui dans un principe proche mais existentiel fera mouche quelques temps après. Parce qu'on avait soudain une histoire et son corolaire, le mystère, auxquels se raccrocher.

De quoi faire regretter que le portable ne soit pas arrivé jusque là fin des années 90... Ca leur aurait évité ce grand détour. Gerry est sans le vouloir une ode avant-gardiste et prophétique à l'usage intensif du portable. Pourtant, je pense au streamer Jean Pormanove qui est mort il y a quelques jours après des semaines de torture en direct (la voie royale vers des likes à l'infini mais le plus court chemin vers l'au-delà). Et je me prends à craindre que Gerry aujourd'hui ce serait deux streamers se filmant jusqu'à la mort (de soif et d'épuisement) dans un désert dont la surface du moindre caillou a été cartographiée depuis l'espace (impossible de se perdre de nos jours) juste histoire de donner du bonheur à leurs followers (sic)...    

mercredi 13 août 2025

Heretic

La dernière image ? tout cette séquence d'approche de la tempête qu'on sent vibrer salement dans le fonds du ciel alors qu'elles sont sur le point d'entrer dans la tanière du loup. C'est très réussi. L'ambiance claustro (à ciel ouvert) est immédiatement installée.

Elles ont d'ailleurs tout de deux "chaperons rouges" arrivant chez "Mère Grand" (qui aurait changé de sexe ?) avec leurs bibles et petits prospectus en guise de cadeaux... C'est ce que j'aime bien dans ce début,  tous les codes d'un conte au noir à la lisière d'une forêt imaginaire sont autant de balises allumées.

Le film a vraiment le mérite d'essayer quelque chose de nouveau dans le genre. D'abord choisir un acteur roi de la comédie pour camper le méchant, c'est pas mal tenté même si le pari n'est qu'à moitié réussi. Autant toute la première partie qui nous le présente comme quelqu'un de presque sympathique et bienveillant et donc très ambigu dans ses intentions lui sied à merveille, autant le passage à l'horreur totale à mi-parcours (et dans une obscurité bien trop épaisse) est trop peu crédible parce que même comme ça il garde une tête sympa, on ne peut alors s'empêcher de voir l'acteur derrière le personnage... 

Mais l'intention est louable comme est intéressante toute la joute verbale sur la religion, ses méfaits, son aspect sectaire, cela donne au film une texture lumineuse. LA façon dont l'héroïne décode et revisite les premiers moments dans la maison est également sympathique. On se croirait dans le dénouement d'un Agatha Christie quand Hercule Poirot réunit toutes les convives et refait le film pour trouver l'assassin...

Mais hélas, lorsque le dénouement arrive on se dit quoi ? Tout ça pour ça ? Le gars s'est tordu le cerveau pour attirer des jeunes femmes dans sa toile et les pousser à accepter leur mort/sort sans broncher ??? Beaucoup trop alambiqué. Ca n'a objectivement aucun sens. Comme toute la partie grandguignolesque avec la femme zombie (remplacé par une autre comme dans le Prestige de Nolan dans une toute autre ambiance) puis la découverte d'une pièce laboratoire où dormiraient dans un grand froid une poignée de jeunes femmes exsangues... On n'y croit pas une minute. Bref on retiendra un début intéressant puis le grand n'importe quoi... Dommage !    


  

mardi 12 août 2025

Maxxxine

 

La dernière image ? Probablement tout ce qui se rapproche, consciemment ou pas, de ce qui fit le sel de nos années 80 sur un petit écran : l'esprit des séries TV de l'époque, les coupes blondes peroxydées aériennes gonflées à coup de gel féroce, les clubs video où l'on vient pour la cueillette aux balbutiements du week-end. On a même cette sensation parfois de replonger dans une des séquences coupées de Hurlements (Dante) ou de Body Double (De Palma).     

J'avais vu le premier XXX : pas génial mais intéressant. Je trouvais notamment que Ty West apportait quelques chose de vraiment personnel dans la façon de faire naître l'horreur, avec toute une cinéphilie palpable dans ces choix de plans, d'éclairage, d'ambiance. 

Bon... Force est de constater qu'ici on navigue 3 tons en-dessous. En effet, je ne peux pas m'empêcher malgré la sympathie que m'inspire l'univers de souligner l'indigence de l'intrigue, la sensation que tout le dénouement est purement et simplement expédié (il n'y a pas d'autres mots).

C'est pour finir toc, parce que trop faible côté scénario et surtout personnages (le père wtf ? Le couple d'enquêteurs qui existe à peine)

Je prédis donc qu'on oubliera ce Maxxxine aussitôt après l'avoir vu.

Bref, ultra dispensable.

vendredi 8 août 2025

Smile 2


La dernière image ? Cette toute première séquence plutôt bien troussée et à vrai dire efficace en parvenant à mêler matière horrifique (le discours délirant de l'assaillant) et film de gangsters.

Pour le reste, le film avait fait l'objet de bonnes critiques mais ça reste un pétard mouillé pour moi... D'abord c'est vraiment dégueu (surenchère de trucs crados pas très utiles) et puis ça fonctionne à l'ancienne avec du jumpscare dans tous les sens et sans aucune finesse. Car jouant toujours sur la confusion réalité / illusion créée par la fameuse "entité" dont on ne sait absolument que dalle au passage... Bref on reste avec une impression d'archi déjà vu et saoulé par l'absence totale de réalisme : je pense à toute la fin depuis la mort de la mère jusqu'à dénouement pathétique (ah ben oui je vais rejoindre un mec dans un lieu abandonné pour me laisser zigouiller avec la promesse de me ramener à la vie 9 minutes plus tard). On n'y croit pas une demi seconde.

Reste la jolie idée de centrer l'histoire et l'horreur sur les démons (drogue, douleur, deuil) d'une starlette qui essaye de se remettre d'un drame après un accident de voiture entre mère envahissante, séances photos, répétition exigeante et rencontre avec les fans... C'est pas mal vu mais c'est trop peu.       

mardi 5 août 2025

Companion


La dernière image ? Ce dernier plan qui dit tout. Elle est libre au volant de sa décapotable. On devine sa main de fer dans un gant de velours. La musique des Bee Gees vient subtilement accompagner ce délicieux dénouement. Et l'espace d'un instant elle n'est plus ce robot servile mais une femme libérée. C'était pas si facile peut-on en conclure avec un sourire... Dernier plan qui brouille d'ailleurs intelligemment les pistes sur le genre de Companion. Film de SF ? Comédie parodique ? Comédie romantique ? Film d'horreur ? Thriller ? Film noir ? Et bien c'est un peu tout cela à la fois... Une gageure que d'arriver à exister en flirtant avec tous ces genre sans se casser la gueule.

Bon je dis cela, le film est quand même bancal par moments et pour cause : d'abord faut reconnaître qu'on voit venir de très loin ce premier moment clé de la révélation qu'elle est un robot. Pétard mouillé disons. Ensuite toute la séquence qui prépare son évasion lorsqu'elle est attachée à une chaise est trop longuette et bavarde. On ne croit pas à cette volonté du héros de faire durer le plaisir de laisser à son robot sa conscience. On comprend bien que c'est la fenêtre idéale dans le scénario pour qu'elle parvienne à s'échapper... Bof bof. Comme on ne croit pas trop aux réminiscences de l'autre robot même après voir été "rebooté". Là encore on comprend le message (il ne peut pas complètement oublier sa première histoire d'amour) mais dans l'intrigue la ficelle paraît trop grosse pour faire avancer vers le dénouement...  

En revanche, le film est vraiment intéressant et audacieux (même attachant) parce que d'abord il ne manque pas d'humour (plein de moments vraiment drôles) et qu'ensuite il réserve habilement son lot de rebondissements tout en étant finalement plus profond dans la réflexion qu'il propose qu'il n'y paraît. A commencer par une réussite dans l'abord d'un film sur "les robots" en mêlant ce fonds SF à une intrigue de film noir. A vrai dire, le positif l'emporte finalement sur les réserves ou défauts identifiés parce qu'au final nous avons là une petite série B imaginative qui renouvelle habilement de nombreux genres tout en apportant une réflexion bien sentie sur le concept de femme-objet. Que demande le peuple ?

lundi 4 août 2025

Only the river flows


La dernière image ? C'est plutôt l'atmosphère du film en général qui m'accroche, poisseuse à souhait, ainsi que la mise en scène soignée, précise, souvent inspirée, qui parvient à recréer une sorte de Memories of murder dans les années 90 quelque part en Chine.

J'aime notamment toute la première partie, ce début d'enquête au bord d'une rivière, ces témoins qui deviennent suspects, ces pistes qui deviennent de fausses pistes pour redevenir tangibles après le suicide d'un personnage-clé.

Mais il est regrettable qu'après avoir été dans plusieurs directions (toutes intéressantes, avec une dimension très Hercule Poirot version David Suchet lors des interrogatoires et des témoignages qui se succèdent et se répondent), on en revienne finalement à ce personnage de fou qui serait in fine le catalyseur de tous les drames... La façon dont s'ajoute à cette simplification voulue de l'intrigue des rêveries cauchemardesques du personnages principal ainsi que la décision au sein de son couple d'avoir un enfant (qui risque de venir au monde avec un handicap) finit comme ce plan final qui sent l'esbrouffe par décevoir et nous tenir éloigné du film.

Avec le recul, l'intrigue aurait  mérité d'être plus fouillée avec une vraie révélation (puissante ou déconcertante) sur les raisons du meurtre initial et celles des morts qui suivront... Dommage mais pour l'ambiance, cette reconstitution des années 90 et la force indéniable de la mise en scène, le film vaut le détour.

samedi 2 août 2025

Emilia Perez

La dernière image ? J'adore le moment délicat en plein échange de coups de feu où Emilia chante à son ex femme (derrière un canapé) les moments émouvants de leur passé... C'est très touchant. Le prolongement de ce moment avec la marche en pleine lumière d'aficionados d'Emilia devenue une Sainte presque malgré elle fait également mouche.

Mais le problème d'Emilia Perez vient avant et commence pour moi dès l'entame... 

Il y a d'emblée une difficulté qu'on perçoit à choisir la bonne tonalité entre comédie musicale totale et film noir de facture classique entrecoupé d'envolées musicales et lyriques (opératiques ?). De ce fait, il y a pour moi comme un tâtonnement à l'écran perceptible et qui je crois naît de ce problème de cadre et de cohérence qu'on a du mal à cerner. Se pose aussi dans le prolongement la question de la nature des chansons qui sont souvent chaotiques, glacées, peu aimables. Or j'aurais trouvé plus efficace que pour dissiper la noirceur (infernale) de l'univers les parenthèses musicales soient plutôt vectrices d'émotion, de lumière, d'espoir... Là on est souvent ton sur ton. Noir, c'est noir. Too much indeed.    

Il y a ensuite à mes yeux des manques sur la transition de la première à la seconde partie du film... 4 ans sont passés et soudain naît une envie de retrouver ses enfants. Soit ! Or pendant ces 4 ans en Suisse l'ex femme n'a jamais approché de près ou de loin l'envie d'une autre vie, les esquisses d'un nouveau départ ? Un nouveau compagnon ? Rien de rien. Les enfants sont-ils touchés par ce nouveau déracinement ? D'ailleurs se penche-t-on une seule fois sur la personnalité des enfants ? Pourtant ils sont le moteur de toute la deuxième partie...  On décide pour eux et leur mère que la prochaine destination sera la maison rutilante d'une cousine du papa / ex-mari et puis c'est tout... Un peu rapide tout ça. Pratique pour franchir allègrement la barrière de l'ellipse mais ça manque vraiment de quelque chose, d'enjeux plus profonds notamment s'agissant de l'ex-femme et des 2 enfants qui jusque là n'existent guère. Les enfants ne seront d'ailleurs jamais autre chose que des silhouettes...  C'est bien triste.

Et puis plus généralement je suis gêné aux entournures par cette idée que véhicule le film qu'en devenant une femme, on s'adoucirait soudain... On s'intéresserait d'un coup au destin de ses ex-victimes, à leurs familles etc. Comme si devenir une femme (au-delà de l'idée bien comprise que ce que l'on nous raconte c'est le fait libérateur de devenir enfin soi-même) rendait moins cruel, ouvrait les chakras, redonnait un coeur... Mouais, c'est plutôt limite.

En revanche, la dernière séquence chantée pendant la fusillade est très touchante, la dernière marche dans la rue aussi est très belle.

Mais c'est trop peu ou trop tard me concernant pour emporter le morceau.

J'ajoute pour finir une réflexion plus générale : voilà un pays et une culture qu'Audiard connaît probablement d'assez loin, un genre (la comédie musicale) à laquelle il s'essaye pour la première fois, un sujet (le changement de sexe qui plus est d'un parrain de la pègre) archi singulier... Ca faisait peut-être un peu trop de premières fois, un peu trop d'ambitions additionnées.... Les yeux plus gros que le ventre en d'autres termes.   

vendredi 1 août 2025

La chevauchée de la vengeance (Ride lonesome)

La dernière image ? Et bien précisément ce plan de fin, hallucinant, mémorable, mythique qui fait littéralement sortir le western de ses rails pour imprégner le film d'une aura fantastique, presque surnaturelle. Décidément ce Budd Boeticher est épatant.  

Par ailleurs, ce film est une vraie découverte. Des décors flamboyants, une interprétation puissamment incarnée de tous les acteurs mais surtout des personnages aux psychologies complexes, aux rapports qui ne le sont pas moins. Et la façon dont se dessine le triangle Brigade - Boone - Frank (Lee Van Cleef) rappelle étrangement l'articulation future du Bon, la Brute et le Truand avec le même Lee Van Cleef campant le très méchant et les deux autres qui un coup se menacent, un coup s'enfument, un coup s'entraident... Ce n'est pas un hasard, ce film a éété un influence pour Sergio Leone à coup sûr.

D'ailleurs et c'est ce qu'il faut retenir, l'intrigue à tiroirs (c'est une histoire ou un coup à plusieurs bandes pour le héros meurtri et fou de vengeance) permet d'aboutit à une séquence de fin formidablement audacieuse dans une clairière, moment qui rappellera à beaucoup la fameuse scène iconique de pendaison d'Il était une fois dans l'Ouest. Il n'y a pas de hasard.

Bref, un film aux quelques moments d'anthologie pour ce qui est un immense western à mes yeux.

jeudi 31 juillet 2025

L'Homme de l'Arizona

 

La dernière image ? Ce sont les idées d'Elmore Leonard qui frappent puissamment l'imagination : un enfant qui finit dans un puits (quelle horreur), un homme au visage arraché par un coup de fusil, le dernier méchant n'est d'ailleurs pas en reste puisqu'il y perd la vue... 

Sinon l'Homme de l'Arizona est de facture plutôt classique mais sa force et son originalité vient de ce qu'il emprunte les codes du film noir (enlèvement de la fille d'un riche propriétaire terrien et demande de rançon par les malfrats)  en exploitant habilement le cadre d'un huis-clos à quasi ciel ouvert et les relations ambigües entre les personnages (le jeune marié qui n'aime pas son épouse, le héros qui trouve grâce aux yeux du chef de gang,...).

J'aime d'ailleurs beaucoup toute la séquence d'intro qui rappelle à certains égards la séquence d'intro d'Il était une fois dans 'l'Ouest mais avec une polarité inversée. Sergio Leone reprend l'idée mais dans une tonalité horrifique en prenant le temps de caractériser chaque membre de la famille au moment du repas avant de les faire tous tuer. On retrouve alors la cruauté de the Tall T lorsqu'on évoque l'enfant et son veuf de père au fonds du puits. L'arrivée de la diligence dans le relais peut également rappeler l'arrivée du train dans Il était une fois dans l'ouest avec ces 3 bandits qui attentent leurs proies dans la pénombre.

Possible que ce film ait été une inspiration pour Sergio Leone.

Voilà donc un western qui grâce à l'esprit éclairé d'un Elmore Leonard et malgré une intrigue et un dénouement somme toute classique vient apporter des éléments de narration et de genre (le film noir, le huis-clos) qui pour l'époque revitalisent le western. 

mercredi 30 juillet 2025

Megalopolis

La dernière image ? Franchement je ne sais même pas... J'adore Coppola mais là c'est vrai qu'on le sent en roue libre, sans garde-fou (l'intérêt d'avoir un producteur derrière soi ?).

Le titre du film annonce d'ailleurs le problème : ce sera un film-monde, un film-fleuve, qui entend tout aborder, citer tous les films aimés, s'ancrer dans la mythologie, la ramener ici et maintenant à New-York mais dans un climat d'anticipation... Ou comment accoucher d'un fourre-tout qui ne prend jamais vie  en raison d'un problème central pour moi : les personnages (curieusement) n'existent pas... On ne s'y attache pas, ils n'ont pas de "réalité". Aucun. Ca plombe tout... Fort dommage quand même. 


dimanche 15 juin 2025

Speak no evil


 La dernière image ? J'aime beaucoup toute la mise en place et ce point de départ redoutablement retors. Une rencontre fortuite sur un lieu de vacances. Et le piège qui se tend à l'image de l'atmosphère rapidement irrespirable du film. Ça me donne d'ailleurs envie de découvrir le film dont c'est le remake.

Bon, passée l'installation, de nombreux éléments empêchent tout à fait d'apprécier. D'abord comment voyager avec un enfant à la langue coupée sans qu'il n'essaye de s'échapper ou de communiquer par écrit à la première occasion lorsqu'ils sont en Italie notamment ? En allant aux toilettes ? Puisque lorsqu'ils sont plus tard à la ferme, l'enfant n'a alors de cesse d'essayer de communiquer avec la petite fille. D'ailleurs il pourrait le faire avec des dessins ou du mime à n'importe quel moment dans la chambre la nuit puisqu'ils dorment ensemble... La vraie réaction du couple de meurtrier aurait à cet effet été de laisser la fille dormir avec ses parents pour limiter au max les moments passés avec l'enfant mutilé... Déjà ce point dérange. Le deuxième point est celui du portable. On n'est pas dans les années 80 ou 90. Il est bien question du portable de sa femme lorsque son mari évoque une photo compromettante... Comment ne préviennent-ils personne avant de se rendre chez ces inconnus ? Déjà avant d'y aller par précaution ? Et surtout pendant ou sur la route... Et par les temps qui courent, ne s'assure-t-on pas qu'il y ait une wifi sur place en posant la question ? Comment dès lors les prédateurs (forcément psychotiques et/ou paranos) n'imaginent pas une seconde que les invités auront probablement prévenu des proches de leur séjour en précisant l'adresse et le numéro des hôtes au cas où (dans ces milieux favorisés, on n'est jamais trop prévoyant)... Comment ne pas envisager un tel scénario ? Avec l'accumulation de meurtres dans cette ferme, c'est il me semble bien léger tout ça. On finit par ne pas croire à cette absence de précaution d'usage comme on ne croit guère à la passivité incroyable du couple (lui particulièrement)... C'est donc un thriller somme toute original (même si The Visit a fait tout le boulot avant), qui met souvent mal à l'aise mais un tantinet tout muchissime sur des points classiques de vraisemblance / crédibilité. Perso, j'aurais cherché à développer le thème toujours passionnant du double arroseur arrosé : chaque couple cache des intentions coupables à l'égard de l'autre... Qu'est-ce qui peut en sortir ? Du bon forcément. - × - = +

mercredi 11 juin 2025

The Substance

La dernière image ? La seule qui vaille le détour, qui peut éventuellement faire mouche et arracher un sourire, c'est lorsque la "créature" essaye une boucle d'oreille et s'évalue dans la glace. Oui j'en conviens, c'est fort peu... 

Parce que pour le reste les amis, des nanars j'en ai soupé dans les années 80, mais leur force (involontaire souvent) c'était qu'on avait à faire à des films fauchés, sans véritable ambition artistique, avec parfois même un sens de l'humour maladroit assumé... Mais ils pouvaient susciter une forme de sympathie. 

The Substance ne suscite qu'au mieux de l'effarement au pire du dégoût. Cradingue, sans esprit, sans colonne vertébrale (la même absence que dans le dos des héroïnes). Ce qu'il y a d'incompréhensible avec The Substance, c'est d'ailleurs qu'il ait eu un prix à Cannes. Et du scénario en plus...  C'est ensuite qu'on ait pu laisser aller à un tel naufrage (Y a t-il un producteur à bord ? Un scénariste ?) avec autant de moyens, autant de suffisance (des références à Shining wtf ????), si peu d'humour (à part j'en parlais plus haut la scène de la boucle d'oreille).

Et pour commencer il y a ce postulat de départ auquel on ne croit jamais une demi seconde... Cette ancienne gloire d'Hollywood qui vit seule, ne connaît personne, n'a pas d'agent, pas de parents, elle n'est qu'une affiche sur un panneau 4 par 3... Et tout est à l'avenant : les quelques personnages autour sont tout aussi expédiés... Rien ne tient debout, sauf elle après s'être "break a leg" (humour lourdingue en lien avec un petit mot accompagnant des fleurs)... C'est un des trucs les plus mauvais qu'il m'ait été donné de voir. Pas un dialogue pour venir sauver notre cerveau de ce bain d'ennui... Interminable film qui plus est... On regarde sa montre en permanence... Evidemment rien n'existe, rien n'est crédible et la thèse s'apparente à celle d'un enfant de CE2... Je peux rajeunir youpi mais c'est évidemment pour faire exactement la même chose dans la vie que la vioque étalée dans la Salle de Bains : montrer mes fesses à la téloche. Quel programme ! Ce qu'il manque cruellement à Coralie Fargeat c'est précisément de la substance même un tout petit peu. C''était déjà le gros problème de Revenge en passant. CATASTROPHIQUE ! Un signe des temps...      

mardi 10 juin 2025

Spinners

 

Sacré projet. Bien pensé. Qui peut rappeler la force crue d'une trilogie Pusher comme plongée dans les arcanes de la pègre de Copenhagen. Qu'on aurait croisée avec l'univers de Drive du même Nicolas Winding Refn.

Le premier épisode permet d'aborder toutes les problématiques de cette série : la fatalité d'une d'extraction sociale, le désir de s'en sortir, de se racheter par les voies les plus nobles (sport, compétition...). Et puis ce qui fait le sel de cette série c'est le soin apporté à la mise en scène, à l'arène et au contexte linguistique  faisant la part belle à ces langues qu'elles soient vernaculaires, celle de l'occupant historique, l'afrikaner, ou qu'elle soit l'anglais tout simplement... Belle découverte mais je n'en suis qu'à "épisode 2 !  

dimanche 8 juin 2025

Severance

La dernière image ? j'aime bien ces moments funky qui viennent briser la monotonie de la vie de bureau ; la surboum éclairée par une boule à facettes, la collation etc. Ces moments sont efficaces, très télégéniques. Et ils restent en mémoire. Pas de doute là-dessus.

Franchement, le pitch est arrivé à mes oreilles et je me suis dit "yes ! en voilà un programme alléchant". Et puis je me suis coltiné la saison 1. Et force est de constater que ça ne fonctionne pas 2 secondes. Pour commencer, cette histoire de dissociation promue par une "opération chirurgicale" par définition ultra sensible (le cerveau) laisse imaginer que le consentement ne devrait même pas être une hypothèse dans ce monde dystopique aux allures de dictature déguisée aux mains des multinationales comme LUMON... Quelle idée tout de même de se dire qu'on va accepter de se dissocier en sachant que lorsque tu rentres chez toi le soir avec un gros mal au derrière tu ne peux qu'imaginer ce qui t'arrivé sans vrai recours ? Un truc pour masochiste... Par ailleurs le monde tel que décrit dans les murs de LUMON est bien trop froid, aseptisé, les 4 ou 5 personnage clés trop robotiques / robotisés, leur quête commune arrive de façon peu naturelle, et le postulat de départ de commencer dans LUMON tue dans l'oeuf le projet puisqu'on commence avec des personnages immobiles, sans ressorts, sans sentiments etc... L'identification est rendue impossible. Il aurait fallu commencer par un évènement troublant dans la vie "normale" d'un des personnages (par exemple l'intrusion du collègue échappé de la société et qu'on ne reconnait pas)... C'est ainsi que l'intérêt du spectateur aurait été stimulé.

Je ne développe pas plus en disant qu'une bonne idée de départ sur le papier (cette fameuse dissociation vie pro / vie privée) ne suffit pas. Il aurait fallu passer un peu plus de temps sur la construction d'un univers et de personnages auxquels on ne croit jamais... De caricatures en caricatures, de scènes bavardes en scène bavardes (souvent le signe que l'univers n'arrive pas à exister par lui-même), on aboutit après une saison lente et interminable, sans rythme, à une scène clé où la toute puissante entreprise LUMON sait rentrer comme dans du beurre dans le cerveau de ses salariés mais n'a en revanche rien prévu en cas d'intrusion d'un salarié dans la fameuse des "salle des machines"... Ah si ! Faire intervenir un pauvre chef de service esseulé avec un cutter pour sectionner une petite sangle qui en condamne l'accès... Délirant foutage de gueule !        

samedi 7 juin 2025

Culte

La dernière image ? J'aime beaucoup les moments où percent l'émotion et la sincérité. Je dois dire que le personnage qui permet cela est incontestablement celui de Loana. Super actrice qui porte à elle tout seule le projet. Chaque fois qu'elle est sur l'écran, elle nous transperce. Bravo à l'équipe de casting qui de la fiction à la réalité a réussi à incarner à l'écran cette candeur, cette innocence bafouée, ce personnage de Cendrillon au nounours qui nous maintient connecté à la série.

Pour le reste, on sent bien une tentative de recréer un petit monde et la façon dont cet ovni est arrivé dans nos vies et d'abord dans celles de petits producteurs véreux, avides d'argent. Mais vraiment, était-il nécessaire de vouloir faire revivre les coulisses d'une entreprise d'un tel cynisme ? On sent dès lors chez les scénaristes une volonté de fictionner malgré tout, de créer des personnages ambigus, attachants, qui vont tout de même intéresser le spectateur que je suis. Ainsi, le personnage de Karim est censé apporter par la fiction de l'humanité, mais sa trajectoire et l'aboutissement d'une forme d'aveuglement culmine dans un ridicule achevé avec cette intervention de la Sécurité lorsqu'il déclare à Loana, comme absent à lui-même "C'est moi"... Pauvre pirouette, philo de comptoir du plus mauvais effet. De même qu'on finit par se dire que ce qu'on a vu là, le temps d'une série, on le savait déjà... Le milieu de la télé n'est pas passionnant, il est nourri par des acteurs (je devrais dire de tristes égos) sans grande envergure, apportant des idées dans le pire des cas nauséabondes, absolument quelconques dans le meilleur des cas , je cite : "Ecoutez, j'ai une idée géniale, on va recréer Hélène et les garçons mais avec des gens de la vraie vie".... Waow, vous avez dit génie ?