Le talent du film c'est d'arriver à ce point de bascule, travail d'orfèvre, performance d'équilibriste, qui parvient à créer ce moment, cette scène finale où l'amour maternel semble plus fort que tout ce qui aura précédé, la manipulation, l'humiliation, l'enfermement, la possession, l'empoisonnement, le viol...
C'en est peut-être aussi la limite. Car même si grâce à un sens de la mise en scène fantastique, la construction (diabolique) et la montée (lente, insidieuse) du malaise sont implacables, frisant la perfection, il arrive qu'on se dise tout de même à 2 ou 3 moments : "Mais quelle indécrottable cruche" ! Je pense notamment à ces moments où elle se confie (sans se méfier une seule seconde de la duplicité de son Jules, même si Cassavetes est proprement extraordinaire dans son rôle qui tour à tour inquiète et rassure) sans filtre ou lorsqu'elle décide d'aller re-consulter le Docteur Hill puis se ravise malgré les douleurs, les doutes, la mort d'un proche... C'est le seul reproche qu'on puisse légitimement formuler. Cet embrigadement s'accomplit de façon linéaire et au final sans grande résistance ou difficulté.
Vous me direz, elle a été choisie pour ça Rose-Marie. Pour cette capacité inouïe à faire l'autruche...
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